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Christopher Guzman, 1er Prix du 10e Concours de piano d’Orléans - Un musicien complet - Compte-rendu

Deux ans après la victoire de Christopher Falzone, le Concours international de piano d’Orléans a de nouveau choisi un lauréat américain. Joli cadeau d’anniversaire pour Christopher Guzman (photo) – l’artiste fêtait ses 31ans le jour de la finale ! - que la décision du jury (présidé par Michel Decoust) qui lui a attribué le très convoité 1er Prix-Prix Blanche Selva et trois prix spéciaux (Prix SACEM, Prix André Jolivet, Prix de l’Académie des Beaux-Arts) – ce à quoi s’ajoute le Prix des étudiants du Conservatoire d’Orléans.

Un succès pleinement mérité si l’on en juge par une finale musique de chambre qui a permis d’entendre les trois pianistes encore en lice au côté du Quatuor Diotima. Une création de Jacques Lenot, Effigies pour piano et quatuor à cordes, et le tardif 2ème Quintette op 115 de Fauré forment le menu de l’ultime épreuve.

Christopher Guzman (dernier dans l’ordre de passage) fait la différence et retient l’attention par la présence de son jeu et la qualité de sa sonorité. Rompu à la pratique de la musique d’aujourd’hui, il se confronte avec aplomb à la difficultueuse écriture de J. Lenot et exploite mieux que ses deux concurrents les résonances, les espaces poétiques de l’ouvrage.

L’élève de Bruce Brubaker est familier avec l’univers contemporain, mais on aurait bien tort de le réduire à ce domaine (des échos très positifs sur des extraits des Goyescas joués durant la troisième épreuve nous sont entre autres parvenus). Près d’un siècle sépare la musique de Lenot de celle Fauré et Christopher Guzman se meut avec la même aisance dans le Quintette op 115. Une complicité naturelle, immédiate s’établit avec les musiciens du Quatuor Diotima. On se regarde peu, mais on se comprend ; la musique coule de source avec un sens de l’architecture, une variété des couleurs et des caractères et une impeccable conduite de la phrase qui donnent tout leur sens au surabondant matériau de l’oeuvre.

Par comparaison, un manque de drive dans le jeu aura été le point faible du Fauré d’Andrew Zhou (24 ans), autre finaliste américain, que l’on sent seul dans le 2ème Quintette, ne parvenant pas à nouer le dialogue avec ses quatre partenaires et à pleinement déployer sa sonorité. Le jeune pianiste avait su pourtant retenir l’attention par une approche très – sans doute trop … – libre d’Effigies où sa technique mobile et lumineuse paraissait bien plus à son aise.

Quant à la Coréenne Soojin Anjou (33ans), qu’il s’agisse de Lenot ou de Fauré, son jeu certes digitalement assuré mais d’une pâleur rédhibitoire et son manque total de complicité avec les Diotima nous laissent plus que réservé.

Alain Cochard

Orléans, Théâtre, 4 mars 2012

Site officiel du Concours international de piano d’Orléans : www.oci-piano.com
(Un beau dossier retraçant l’histoire du Concours depuis sa naissance en 1994 peut y être téléchargé)

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Photo : DR
 

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