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« Cole Porter in Paris » Châtelet – Les Frivolités Parisiennes annexent Broadway – Compte rendu
Jusqu’où leur empire ne s’étendra-t-il pas ? Après avoir conquis l’opéra-comique et l’opérette, sans oublier la création contemporaine avec Les Bains macabres en janvier 2020, voici que Les Frivolités Parisiennes s’attaquent à l’univers de Broadway. Avec succès, une fois de plus, comme si décidément rien ne leur était inaccessible. Cela dit, il y avait bien eu en 2013 la recréation de La Revue des ambassadeurs, de Cole Porter, donnée à Rennes pour quatre représentations seulement. Pourtant, cette fois, il ne s’agit pas simplement de ressusciter une partition oubliée, mais bien d’un spectacle concocté par le toujours inspiré Christophe Mirambeau. Comme son nom l’indique, Cole Porter in Paris réunit des chansons écrites par le compositeur américain, tout en évoquant ses années dans la capitale française, entre les deux guerres mondiales.
© Hélène Pambrun
Non content d’avoir choisi dans la production de Porter la trentaine de chansons qui permettent de raconter librement la vie du compositeur, à partir de son arrivée en France en 1917, en passant par son mariage, puis sa rencontre en 1925 avec Boris Kochno, qui lui préféra bientôt Christian Bérard, Christophe Mirambeau assure également la mise en scène du spectacle, secondé par la chorégraphe Caroline Roëlands. Les premières minutes de la soirée laissent un peu perplexe, avec ces trois chanteurs à l’avant-scène, l’orchestre occupant le reste du plateau devant un fond noir, mais heureusement, tout change assez rapidement, lorsque le fond du décor se découvre peu à peu, et que la troupe de dix danseurs apparaît au complet. C’est à un vrai musical que le spectateur est convié, où les numéros les plus entraînants s’enchaînent tout en laissant une large place à l’émotion. Et l’on savoure les costumes inventifs et colorés de Casilda Desazars, qui contribuent évidemment à la réussite de l’ensemble.
Christophe Mirambeau © Benard Martinez
Composé pour l’occasion de quatorze instrumentistes, l’orchestre des Frivolités Parisiennes s’ébroue joyeusement dans cette musique, dont Christophe Mirambeau a également choisi l’orchestration. La présence d’un accordéon introduit une French touch, et l’on remarque quelques solos, pour Benjamin El Arbi au basson dans « Moorish Garden » ou Eddy Lopez au saxophone. Outre l’ensemble de dix danseurs-chanteurs déjà mentionnés, on applaudit six solistes dont plusieurs sont des habitués des productions LFP.
Les fans de Charlène Duval devront se contenter de l’entendre en drôle de dame de Monte-Carlo dans une seule chanson, mais quelle chanson (« I’m Unlucky at Gambling ») ! Et quel costume ! Après avoir été l’un des trois milliardaires dans Normandie, Richard Delestre est ici l’un des trois visages de Cole Porter, les deux autres étant incarnés par Yoni Amar, familier de l’opérette et de la comédie musicale, et par Matthieu Michard, qui est également le pianiste de la soirée. On avait pu juger du talent de Léovanie Raud dans Yes !, dans Paris Chéri(es) ou Gosse de riche, et l’on est heureux de la retrouver ici, notamment dans un titre comme « Find Me a Primitive Man » où éclate son tempérament. Enfin, il revient à Marion Tassou, qui était l’une des trois jeunes filles de Normandie et à qui la pandémie n’a guère laissé le temps d’être l’héroïne dans Le Diable à Paris, d’incarner l’épouse de Cole Porter, rôle qu’elle tient avec beaucoup de sensibilité et où sa voix charme à travers la nostalgie même dont elle est porteuse. Et l’on remercie les Frivolités Parisiennes, une fois de plus, de nous offrir une aussi belle façon de terminer l’année.
Laurent Bury
« Cole Porter in Paris » (conception, dialogue et mise en scène de Christophe Mirambeau, d’après les chansons écrites et composées par Cole Porter) – Paris, Théâtre du Châtelet, samedi 11 décembre ; prochaines représentations les 12, 14, 15, 17, 18, 19, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 28, 29, 30, 31 décembre 2021 & 1er janvier 2022 // www.chatelet.com/programmation/saison-2021-2022/cole-porter-in-paris/
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