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Compte-rendu : Âme bohémienne - Kurt Masur en terre tchèque
A quatre-vingt trois ans, Kurt Masur retrouve toujours avec le même bonheur l'Orchestre National de France dont il est désormais directeur musical honoraire. Dans un programme traditionnel uniquement consacré à la musique tchèque, le maestro manifeste une verdeur presque juvénile. L'Ouverture de La Fiancée vendue de Smetana (1866) est enlevée d’entraînante manière tandis que la Symphonie n°8 de Dvorak (1895) bénéficie d'une efficacité du geste et d'un équilibre savant. Cet ouvrage de forme typiquement germanique convient en particulièrement à la direction de Masur, souvent accordée à la puissance, à la densité, voire à la rigueur allemandes. Pourtant, loin de s'attacher à la carrure d'une partition parfois triomphaliste, Masur allège le discours dans un mélange de lyrisme (Adagio), de couleurs tendres ou mordorées (Allegretto grazioso), évitant d'alourdir la pâte sonore et de faire de Dvorak un épigone de Brahms. La petite harmonie (en particulier la flûte virtuose de Michel Moraguès) respire avec un naturel proche de l'âme bohémienne si chère au compositeur de la Symphonie « du Nouveau Monde ».
Exécution parfaite du Concerto pour violoncelle en si mineur (1896) sous l'archet au phrasé impeccable d'Alban Gerhardt. Le dialogue entretenu par le soliste et les divers pupitres de l'orchestre renouent avec l'esprit de la musique de chambre, mais la virtuosité et l'aisance de l’interprète souffrent d'un déficit de générosité dans cet opus frémissant d'humanité et de tendresse. Les musiciens comme le public lui font cependant un accueil remarqué.
Michel Le Naour
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 15 avril 2010
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Photo : DR
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