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Compte-rendu : Deux mariages et un divertissement – Béatrice et Bénédict selon Dan Jemmet
Un an après une version de concert de Béatrice et Bénédict au TCE par Sir Colin Davis et le National, l’ouvrage de Berlioz est de retour, à l’Opéra Comique, dans une mise en scène de Dan Jemmet et sous la direction Emmanuel Krivine à la tête de La Chambre Philharmonique.
Passer de la souplesse et des étirements quasi félins des instruments modernes du chef britannique, à la sèche et saine vigueur des instruments anciens de son collègue français n'est pas sans conséquence et le public parisien a ouvertement désavoué les choix du maestro Krivine. Sa direction impulsive, disciplinée malgré ses accès de tonicité, mais toujours pleine de tendresse et d'espièglerie est pourtant parfaitement en accord avec l'esprit burlesque du spectacle.
Pour redonner du souffle à cette comédie légère inspirée de Shakespeare et corriger la faiblesse de sa narration, le metteur en scène a choisi de traiter l'histoire de Béatrice et de Bénédict comme s'il s'agissait de marionnettes, manipulées par un maître de cérémonie, Alberto, à la fois conteur, narrateur, en possession d'un castelet miniature. Ainsi adaptée et totalement théâtralisée, l’action prend des allures de farce à la mécanique insoupçonnée, renforcée par une scénographie inventive (têtes de soldats géants casqués, armures et épées), les costumes médiévaux bariolés et les amusantes chorégraphies prolongeant l'aspect carnavalesque recherché.
Cette « représentation dans la représentation » est menée tambour battant par l'acteur Bob Goody (Alberto), dans un anglais appuyé, qui se plait à tirer de leur sommeil ces marionnettes vivantes par des coups de canne frappés au sol. La mezzo Christine Rice se prête sans complexe à ce dispositif et chante Béatrice d'une belle voix franche à la technique bien huilée, superbe d'assurance dans son air "Dieu que viens-je d'entendre", tandis que Allan Clayton (applaudi l'an passé dans Albert Herring de Britten) compose un savoureux Bénédict tout droit sorti d'un film des Monty Python, détaillé avec goût et une réelle sureté vocale. Ailish Tynan n'a pas un français fluide et ses dialogues s'en ressentent, mais elle interprète Héro avec finesse et une jolie musicalité, notamment pendant le duo "Nuit paisible" partagé avec Elodie Méchain, que l'on retrouve avec plaisir en Ursule (elle était auprès de Nathalie Manfrino sous la direction de Davis en janvier 2009 au TCE).
Michel Trempont ne possède pas la truculence de Jean-Philippe Lafont dans le rôle de Somarone, mais Jérôme Varnier en a pour deux en Don Pedro, tout comme Edwin Crossley-Mercer en Claudio, gaiement entouré par le choeur de chambre Les Eléments.
Attention, une cinquantaine de salles de cinéma en France et en Europe retransmettront en direct par satellite la soirée du 4 mars : ne la ratez pas !
François Lesueur
Berlioz : Béatrice et Bénédict – Paris, Opéra Comique, 24 février, prochaines représentations les 4 et 6 mars 2010.
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Photo : Pierre Grosbois
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