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Compte-rendu - Festival de Radio France et de Montpellier - Menahem Pressler au plus intime de Mozart
Pour sa 25e édition – un quart de siècle déjà ! – le Festival de Radio France et de Montpellier ne se résume pas à la venue médiatisée dans la capitale du Languedoc-Roussillon de vedettes comme Fanny Ardant ou Gérard Depardieu dont les magazines people font volontiers leurs choux gras, ce sont aussi des raretés comme ces pianistes qu’on n’entend guère ailleurs ou cette série filmée consacrée cette année par la Sacem aux principaux festivals européens. Si le fondateur et patron de la manifestation, René Koering, n’a pas renoncé à la redécouverte de ses chers opéras tombés dans l’oubli, il sait d’expérience qu’on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre. Comme Madame Jourdain, Monsieur Koering « connaît son monde »…
L’Orchestre National de France s’y produisait ainsi l’autre soir avec son nouveau directeur musical, Daniele Gatti, mais dans un programme hors des sentiers battus. Au point d’ailleurs que le chef italien tourna pendant près de dix minutes autour de la Pavane de Gabriel Fauré sans en trouver la clef. Il aura plus de chance heureusement avec la Symphonie n°3 « Liturgique » d’Arthur Honegger en fin de soirée. Le célébrissime Concerto pour piano en la majeur, K. 488 de Mozart n’est certes pas une curiosité ! C’est le soliste qui en tenait lieu en la personne du grand Menahem Pressler, fondateur du prestigieux Beaux-Arts Trio.
Il fait partie du tout petit nombre d’élus qui ont réussi à gommer les marteaux du piano : ses doigts chantent avec le naturel de l’oiseau. Gatti ayant omis de réduire la voilure du National, le soliste chambriste eut d’abord du mal à se faire entendre dans le premier mouvement. Il en alla tout autrement dans l’Adagio à la tonalité mystérieuse et flottante, où le piano entre le premier permettant à Menahem Pressler d’imposer enfin sa vision dialoguée et chambriste de ce chef-d’œuvre absolu de la musique. Il garda le gouvernail en main jusque dans l’affirmation jubilatoire et fraternelle du thème du Finale qui contraste si intensément avec le sentiment de déréliction qui submerge l’Adagio central. Une quintessence de piano sublimé par l’intelligence et la culture.
Vraie curiosité, en revanche, que ce Divertimento pour hautbois, 2 cors et cordes de Daniele Gatti compositeur à ses heures. Ce fut une joie non feinte pour Nora Cismondi, hautbois solo du National, et pour ses camarades qui en assuraient la création en France. Cela s’écoute sans problème et s’oublie aussi vite. La vraie modernité éclata à travers tout l’orchestre avec la « Liturgique » d’Arthur Honegger remarquablement interprétée : c’est son Requiem de guerre écrit en 1945 comme un triptyque paraphrasant des textes de la Messe des morts à la manière des chorals de Bach, mais avec une violence agressive digne de sa Pacific 231 de 1923. L’adéquation est totale entre l’esprit du verbe et la virulence de la dénonciation des malheurs de la guerre et de l’acharnement destructeur de l’animal humain. Les musiciens du National ont livré là le meilleur d’eux-mêmes.
Jacques Doucelin
Montepellier Opéra Berlioz, le 16 juillet 2009 (retransmis en direct par France Musique).
www.festivalradiofrancemontpellier.com.
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Photo : DR
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