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Compte-rendu : Jan Lisiecki - Un talent ingénu
Pascal Escande, directeur du Festival d’Auvers-sur-Oise, a eu du flair en invitant pour la première fois en France l’an dernier le jeune Canadien Jan Lisiecki (il se produisait avec le Quatuor Ebène et Stéphane Logerot dans la version de chambre du Concerto n°1 de Chopin). Né en 1995 de parents d’origine polonaise, le pianiste a fait ses débuts avec orchestre à l’âge de neuf ans et possède déjà une solide expérience de la vie de concertiste. Un « petit prodige » ? Si vous y tenez, mais d’abord et surtout un étonnant musicien de quatorze ans, « bien dans ses baskets » – et un exemple à donner à nombre parents de musiciens surdoués... Visage et chevelure d’ange, silhouette élancée, Jan Lisiecki est désarmant de simplicité, de naturel, d’espièglerie. C’est tout le contraire du prodige « sous cloche de verre », coupé du monde, se refusant – ou se voyant refuser… – les plaisirs des adolescents de son âge sous prétexte de dons hors du commun. Avant un concert, il se détend volontiers avec une petite balade… en skateboard !
Récemment remarqué lors de la soirée de gala du MIDEM de Cannes, le pianiste faisait halte pour un récital à Bibliothèque Polonaise de Paris, quai d’Orléans(1), au lendemain d’une soirée partagée avec son aîné Ilya Rashkovsky dans le cadre de Piano Campus à Pontoise. Le grand queue Bösendorfer est surdimensionné pour le petit auditorium de la Bibliothèque, mais le bonheur d’écouter Jan Lisiecki conduit vite à faire abstraction de ce point.
Dès les notes répétées qui lancent la Grande Valse op 18, on comprend qu’un vrai conteur est à l’œuvre. Les Valses op 64 n°1 et 2 sont aussi irrésistibles de fraîcheur, de chic, d’imagination narrative ; elles semblent naître sous les doigts de leur interprète. Quant l’Andante spianato, pris de façon plus allante qu’on en a l’habitude, il frémit d’impatience… de laisser éclater la Grande Polonaise brillante ! Bonheur dont Jan Lisiecki ne se prive pas ; l’oeuvre est faite pour ça !
En seconde partie, neuf des Douze Etudes op 25 soulignent les moyens techniques certes, mais surtout l’intelligence poétique du jeune Canadien. Feu et tendresse se mêlent dans un jeu attentif aux couleurs, aux caractères, soulignant une riche personnalité – mais rigoureusement aucun ego mal placé –, qu’il importe maintenant de laisser mûrir et s’épanouir, sans précipiter les choses…
Notez enfin que les deux concertos de Chopin, enregistrés live avec le Sinfonia Varsovia sous la baguette d’Howard Shelley, seront disponibles fin mars en France (2). Une attachante illustration du talent ingénu - et bigrement prometteur ! - de Jan Lisiecki.
Alain Cochard
(1) Un lieu magnifique, et relativement méconnu, dont on ne peut que vivement recommander la visite, particulièrement en cette année Chopin : www.bibliotheque-polonaise-paris-shlp.fr
(2) 1 CD Narodwy Institut Fryderyka Chopina ( NIFCCD 200 / Dist. Codaex – disponible le 15 mars)
Bibliothèque Polonaise de Paris, 7 janvier 2010
Pour en savoir plus sur Jan Lisiecki : www.janlisiecki.com
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Photo : DR
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