Longue histoire que la relation du claveciniste Jean-Marc Aymes avec la musique de Frescobaldi. Dès le début de sa carrière, l’artiste avait en effet dédié un bel enregistrement (1) au compositeur italien et n’a depuis cessé d’approfondir son œuvre au point de se lancer, partagé entre orgue et clavecin, dans une intégrale de sa production pour clavier pour le label Lidia Digital. Frescobaldi fait un peu figure de jardin secret d’un musicien que l’on connaît par ailleurs comme fondateur et directeur de l’ensemble Concerto Soave.

A l’occasion de la sortie du troisième volume (2) d’une entreprise qui tient magnifiquement ses promesses depuis son commencement, Jean-Marc Aymes doublait à Paris le récital donné deux jours auparavant à la Chapelle de la Vieille Charité à Marseille. A l’instar de celle de Chopin ou de Scriabine, la musique de Frescobaldi présente un univers harmonique si typé et immédiatement identifiable qu’on ne la goûte jamais mieux que dans un programme qui lui est intégralement consacré.

C’est le choix qu’a fait Jean-Marc Aymes avec un récital qui embrassait le parcours créateur de celui qui fut en son temps le professeur de clavecin le plus prisé d’Europe, de la Fantasia Prima tirée du primo libro delle fantasie de 1608 jusqu’aux extraordinaires Cento partite de 1637 en passant par diverses toccate ou des pièces plus légères tel le volubile Capriccio sopra la Battaglia.

D’un bout à l’autre de son récital, l’interprète fait continûment corps avec la syntaxe du maître italien. Il en assume la part de rigueur austère pour mieux souligner ses accès de fantaisie, ses lumineux emballements virtuoses – merveilleuse Toccata IX du Secondo Libro ! – jusqu’à l’extraordinaire dédale des Cento partite, apothéose d’un passionnant et envoûtant itinéraire frescobaldien. On ne pouvait que céder à sa magie en compagnie d’un tel guide.

Alain Cochard

Paris, L’Archipel, 27 juin 2009

(1) L’Empreinte digitale

(2) Vol. 1 ( 2CD Lidi 0101163-05), Vol.2 (1 CD Lidi 0101177-07), Vol. 3 (2CD Lidi 0101199-09) / Distribution Harmonia Mundi.

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