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Compte-rendu : Katia Kabanova au Palais Garnier - Reprise en or
C’est entendu, sans l’omniprésence de la nature, Katia Kabanova abandonne une grande part de sa poésie et on en veut toujours à Christoph Marthaler de l’avoir enfermé dans cette cour d’immeuble très RDA, surtout depuis que Robert Carsen l’en a délivré dans sa mise en scène lacustre (1). Ceci posé, le spectacle reste d’une force clouante, porté par une direction d’acteur au cordeau qu’est venu rafraîchir Joachim Rathke : sous ses indications précises, Angela Denoke, enfin remise de ses improbables (vocalement) Leonore, retrouve son personnage comme au premier jour : fragile et véhément tout à la fois, hanté et perdu. Admirable composition où l’art cache l’art : probablement le rôle majeur de la soprano allemande.
Si elle rayonne avec une aveuglante évidence, tous ses partenaires se hissent à son niveau. Dikoy plus subtil qu’à l’habitude selon Vincent le Texier, Tichon pleutre à souhait de Donald Kaasch, Boris Grigorovitch velléitaire de Jorma Silvasti, Kudriach solaire d’Ales Briscein, en grande voix : le quatuor masculin dresse des portraits au vitriol d’une intensité difficilement soutenable. Dommage que Marthaler sacrifie Kabanicha au rayon comique : Jane Henschel aurait fait une marâtre sensationnelle là où elle n’a qu’à jouer une petite bourgeoise entichée de ses bibelots.
Mention spéciale pour la Varvara d’Andrea Hill, quelle classe, quelle présence ! Mention spéciale surtout pour Tomas Netopil qui délivre l’orchestre de Janacek de la fosse, le fait rayonner dans Garnier, montre à l’œuvre une connaissance profonde des temps de cette musique. Couleurs, lyrisme, sens exacerbé du drame auquel les musiciens répondaient avec une pointe de génie avant d’applaudir leur chef. Il faudra surveiller ce jeune homme que l’on connaissait jusque là par le disque (2), et que l’Orchestre de Paris vient d’engager pour de futurs concerts. Ne manquez par cette extraordinaire reprise !
Jean-Charles Hoffelé
Leos Janacek : Katia Kabanova - Paris, Palais Garnier, le 8 mars, puis les 12, 16, 21, 23 29 mars, les 1er et 5 avril 2011
(1) La mise en scène de Katia Kabanova selon Robert Carsen est publiée par Framusica (1 DVD FRA 003)
(2) Le label Supraphon a publié deux albums dirigés par Thomas Netopil, l’un consacré à la Symphonie de Suk (Supraphon SU 3941), l’autre à l’intégrale des œuvres pour violoncelle et orchestre de Dvorak avec le jeune violoncelliste Tomas Jamnik (Supraphon SU 4034)
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Photo : DR
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