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Compte-rendu : Le sapin a séché - Casse-Noisette à l’Opéra Bastille
1892, c’est le début d’un vrai conte de fées, celui vécu par le ballet Casse-Noisette, devenu sur toutes les scènes du monde, l’une des œuvres les plus populaires du répertoire classique. Un vrai spectacle de Noël puisqu’il s’ouvre sur un sapin décoré, une distribution de jouets et une fête de famille. Puis le rêve s’égare dans les méandres d’un imaginaire plus subtil : Clara, l’héroïne, devenant avec son jouet cassé dans les bras, tout à tour mère consolatrice et amante, puisque celui qu’elle cherche à protéger de la brutalité de son frère, ce bonhomme casse-noisette, va ensuite devenir pour elle le prince protecteur, objet des rêves d’une adolescente. La musique de Tchaïkovski est exquise, même si lui-même n’était pas satisfait de l’acte II, tandis que Petipa, qui porta l’idée du ballet, tomba malade dès les premières répétitions et que beaucoup de pièces furent chorégraphiées par le peu imaginatif Ivanov, son fidèle second.
Il est vain de dire combien les moutures de Casse-Noisette ont été nombreuses, et notamment à l’Opéra de Paris, où sa première intégrale, en 1948, fit le bonheur du public et des danseurs, qui y prenaient le plus grand plaisir. Est-ce encore le cas aujourd’hui ? Salles pleines à craquer certes, mais, comme pour l’ensemble des relectures classiques de Noureev, son Lac des Cygnes excepté qui est porté par une vision ambiguë et douloureuse, sa chorégraphie, montée à l’Opéra en 1985, qui garde les variations les plus fameuses de Petipa, est lourde et peu poétique, avec des ajouts chorégraphiques parfaitement tordus, qui sèment le parcours des danseurs d’embûches redoutables sans ajouter à la beauté de la danse. Et puis, il y a les faiblesses inhérentes à l’œuvre: la première partie resserre à elle seule l’histoire, et tout s’y passe avec grâce, du bal joyeux au combat des rats et des soldats de bois.
Mais pour la deuxième partie, tout est joué : place donc à la seule danse, et c’est là que le niveau de l’interprétation devient la donne essentielle du plaisir possible. Il y a aujourd’hui de brillants danseurs à l’opéra, mais peu possèdent l’éclat ou la grâce poétique qui permettraient de croire à leurs personnages féeriques, tandis que le corps de ballet s’acquitte lourdement de ses traditionnels pas de valse. Parmi tant d’autres programmés pour cette fin d’année, Mélanie Hurel et Christophe Duquenne ont une jolie technique, une fraîcheur et un charme incontestables. Il en faut malheureusement un peu plus pour rendre magique ce sapin de Noël, malgré les scintillements opulents des décors et costumes de Nicholas Georgiadis, dignes des vitrines de Harrod’s.
Jacqueline Thuilleux
P.I. Tchaïkovski : Casse-Noisette – Paris, Opéra Bastille, 19 décembre, puis les 22, 23,25,26,28,29,30 et 31 décembre 2009 et les 2,5,8 et 9 janvier 2010
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Photo : Julien Benhamou
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