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Compte-rendu : Marmoréen - Kurt Masur dirige Mozart
L’authentique Kappelmeister allemand Kurt Masur, celui qui a su préserver la capacité artistique et l’honneur du fameux Orchestre du Gewandhaus de Leipzig malgré la division de l’Europe et de l’Allemagne en deux camps, puis éviter le pire au moment de l’effondrement de l’intérieur de la dictature, mérite un respect que les musiciens et le public de l’Orchestre National de France lui témoignent chaque fois que le maestro monte au pupitre. Ca n’est que justice.
Pour cette fin de saison, Masur a choisi l’un des sommets de la culture d’outre-Rhin avec les trois dernières Symphonies de Mozart qu’il n’a cessé d’explorer et de faire siennes au long de sa longue carrière sur tous les continents. C’est donc sa vision à lui qu’il proposait au Théâtre des Champs-Elysées lors d’une soirée retransmise en direct par France Musique. D’emblée, dès la Symphonie en mi bémol majeur, la plus classique des trois, le chef place Mozart dans le Panthéon du grand art allemand. C’est une idée, une image du beau et du bien qu’il nous offre dans ce jardin de sons tirés au cordeau.
Masur n’appuie jamais du côté de l’avenir romantique de Mozart, mais le ramène du côté de son ami Joseph Haydn. Ce n’est certes pas une incongruité, mais est-ce suffisant dans les palpitations de la Symphonie en sol mineur que la maestro semble « assagir » pour mieux la faire entrer dans le moule classique ? Pourtant, tout est là, le voisinage avec les grandes pages symphoniques du Don Giovanni qui date de l’année précédente, comme le recours aux thèmes les plus tragiques empruntés au Dies Irae grégorien qui nourrit l’air du Commandeur avant d’irriguer l’ultime Requiem.
Masur connaît tout son Mozart, mais il le lisse un peu trop Ces premiers violons voilés comme des mouquères derrière leurs sourdines dans l’Andante sont insupportables : c’est grisaille alors que Mozart n’est qu’explosion de couleurs ! Après l’entracte, la Jupiter va mettre tout le monde d’accord avec ses grands passages fugués où Wolfgang se met à l’école du Jean Sébastien Bach de Leipzig. De fait, Kurt Masur a le sens de la grandeur et du divin. De l’héroïque aussi façon Beethoven. On en redemande.
Théâtre des Champs-Elysées, 10 juin
Jacques Doucelin
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Photo : DR
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