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Printemps des arts de Monte-Carlo 2025 – Variations sur une note – Compte-rendu

 

 
Descendre à la recherche du son, en quête de la note primordiale. C’est au sous-sol de la galerie Hauser & Wirth qu’a débuté le Printemps des Arts de Monaco, avec la représentation conceptuelle de Stimmung de Karlheinz Stockhausen. En ce mercredi 12 mars, les chanteurs de l’ensemble Neue Vocalsolisten ont plongé les auditeurs dans un état de lévitation, entourés des sculptures inquiètes de Barbara Chase-Riboud. Six chanteurs en blanc occupaient cet espace immense, creusé dans la falaise. Cette œuvre, datée de 1968, repose sur une seule note appelée à se développer à travers cantillations, borborygmes, crescendos, exaltations, entrelacs de paroles et de chant. Elle hybride les échos d’une humanité primordiale et l’hallucination psychédélique.

 

Les Neue Vocalsolisten © Alice Blangero
 
 
Bruno Mantovani, directeur artistique du festival monégasque depuis 2021, a voulu cette expérience puissante pour ouvrir une édition qu’il a placée sous la figure tutélaire de Pierre Boulez. Son esprit et son univers esthétique domineront chaque concert jusqu’à la fin des festivités. En préambule, le compositeur a pu échanger avec le public, lors d’un before, ses souvenirs émus du maître dont on va célébrer ce 25 mars le centenaire de la naissance.

 

Bruno Mantovani © Alice Blangero

Note primordiale et hommage à Boulez, également, le lendemain, cette fois avec un concert symphonique, rendant hommage à une autre facette de Boulez : le chef d’orchestre. Au menu, le Prélude de Parsifal et la Huitième Symphonie de Bruckner. La météo semblait en accord avec le concert. La pluie et le brouillard, s’accrochant aux pentes monégasques, transportaient l’esprit vers un Montsalvat méditerranéen. Cependant, pourquoi ce fil conducteur ? Parce que c’est avec Parsifal que Boulez vit sa carrière de chef d’orchestre couronnée. Il le dirigea à Bayreuth dès 1966, sa battue vivifiante succédant, dans l’abîme mystique, à celle, lente et solennelle, d’Hans Knapperstbusch. Et c’est avec la Huitième de Bruckner qu’il mit un terme à sa carrière de chef, l’enregistrant avec les Wiener Philharmoniker, pour DG en 1999.

 

© Alice Blangero
 
Au Grimaldi Forum, dont l’acoustique n’a pas toujours mis en valeur l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, le romantisme germanique a été interprété avec force, sans doute trop, tant les cuivres ont sonné hors de contrôle malgré la direction, élégante et nerveuse, de Jukka-Pekka Saraste (photo). Les tempi, rapides, adoptés pour le Prélude de Parsifal, avaient cette nervosité racée caractérisant le Wagner de Boulez. Bruckner a eu plus de mal à s’installer, notamment lors d’un Scherzo passablement décousu. Mais quel troisième mouvement, et quel lyrisme avant l’apothéose finale de la cathédrale brucknérienne ! De quoi faire oublier le manque d’homogénéité d’une formation aux pupitres de vent cependant remarquables.
 
Vincent Borel
 

Galerie Hauser & Wirth, 12 mars

Grimaldi Forum, 13 mars 2025
Printemps des arts de Monte-Carlo, jusqu’au 27 avril 2025 // www.printempsdesarts.mc
 
 
Photo © Alice Blangero

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