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Compte-rendu : Michel Tabachnik à la Cité de la Musique - De la tuile à l’extase !
Rien de tel qu’un bouquet d’airs de ténor d’opéras de Wagner pour faire sortir le public de chez lui : même un samedi ! C’était compter sans les aléas de la météo : le jeune chanteur allemand Torsten Kerl dut, en effet, céder la place à l’Américain Richard Decker. Il fallut hélas, attendre les derniers extraits pour que celui-ci accorde enfin son diapason à celui du Philharmonique de Bruxelles… Lohengrin fit méchamment les frais de cet incident.
Richard Decker ne manque certes pas de coffre. C’est un vrai « ténor héroïque » cher à Wagner, mais il ne s’embarrasse pas de nuances inutiles comme on a pu le constater dans le sublime Chant du printemps de Siegmund au premier acte de La Walkyrie : le lyrisme n’est pas son fort… L’orchestre s’est honorablement tiré des extraits symphoniques. Mais là où il nous a bluffés par sa cohésion et sa ductilité, c’est dans Le Poème de l’extase de Scriabine qui occupait la seconde partie de la soirée.
On a pu mesurer l’ascendant d’un chef à la fois cultivé, sensible et si parfaitement maître de lui sur les musiciens. Son interprétation de feu du chef-d’œuvre de Scriabine fut un moment inoubliable tant il a su intelligemment conjuguer l’inconciliable : la modernité de la forme et le mysticisme de l’inspiration. La rencontre improbable de son cher Xenakis et de Wagner : bravo !
Jacques Doucelin
Paris, Cité de la musique, 25 septembre 2010
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