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Compte-rendu - Paul Crossley inaugure le 26e Festival Chopin - Crossley là où l’on ne l’attendait pas


Le 26e Festival Chopin de Bagatelle a bien fait d’inviter Paul Crossley pour un récital qui a prouvé que l’art du pianiste britannique ne se limite en rien au répertoire hexagonal.
La sélection de dix Pièces lyriques de Grieg qui ouvre la soirée donne le ton. De la simplicité de la l’Arietta op 12 n°1 au brio et à la joie contagieuse de Jour de noces à Troldhaugen, Paul Crossley enchante par une simplicité jamais feinte, une élégance sans chichis et une riche palette sonore. On se laisse immédiatement prendre par cet art de miniaturiste et de conteur capable à chaque morceau de capter l’attention et de définir instantanément une atmosphère poétique.

L’écriture se fait plus aride dans les quatre premières des Vingt Mazurkas, op 50 de Szymanowski mais l’interprète y demeure tout autant à son aise, exploitant avec imagination les particularités rythmiques et les saveurs harmoniques de pages trop rares au concert.
Des Mazurkas encore, avec les huit pièces de Chopin qui suivent et offrent un parfait condensé de son art en la matière. Quel meilleur test des affinités d’un interprète avec l’art du Polonais qu’une musique dont Crossley cerne l’esprit de manière aussi subtile que racée.
Arabesque, Romance op 28 /2, 2 Variations posthumes, 1ère Novelette : Schumann n’est pas l’auteur où l’on attend le plus le pianiste. Le bonheur n’est pas mince de le découvrir confronté au lyrisme, à l’onirisme, aux emportements et aux contrastes (formidable 1ère Novelette !) de l’auteur des Kreisleriana. La soirée se termine sur un sentiment de « trop peu » tant Crossley, tout de fraîcheur, d’émerveillement et d’ardeur, convainc chez ce compositeur.

Chopin, Mompou, Schubert : trois bis répondent à l’enthousiasme du public au terme d’un récital qui a fait la démonstration aux « étiqueteurs » invétérés que Paul Crossley est un pianiste bien différent de celui que l’on imagine parfois de ce côté-ci de la Manche. Puissent les organisateurs de concerts français l’inviter un peu plus souvent !

Alain Cochard

Festival Chopin de l’Orangerie de Bagatelle, le 16 juin 2009

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Photo : DR

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