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Compte-rendu : Premier récital parisien de Xavier de Maistre - Une harpe de conteur
Il était temps ! Lauréat du Concours de Bloomington en 1998, au terme d’un parcours pour le moins atypique (1), et membre de l’Orchestre Philharmonique de Vienne depuis la même année, le harpiste Xavier de Maistre n’a donné son premier récital parisien que lundi dernier devant un Théâtre des Bouffes du Nord plein comme un oeuf. La harpe ? On la connaît certes cachée dans la forêt de l’orchestre symphonique, mais il est bien rare de la découvrir en soliste. A en juger par l’attroupement qui devait spontanément se former autour de l’instrument au terme du récital, il est clair qu’il demeure un objet de curiosité.
Par la délicatesse de sa sonorité, il induit sans aucun doute un type d’écoute particulier, mais on ne saurait y rechercher l’unique explication de la formidable attention que le harpiste français a obtenue de son public - allez, une petite toux et deux discrets raclements de gorge, rien de plus : in-cro-ya-ble ! C’est d’abord par le relief et la cohérence du discours musical que Xavier de Maistre captive son auditoire.
Le programme, idéalement équilibré entre des pages originales d’auteurs d’abord connus des férus de l’instrument (Grandjany, Renié, mais aussi Hindemith et sa magnifique Sonate de 1939) et des transcriptions de pièces pour clavier (Pescetti, Haydn, Debussy) ou orchestrales (Smetana, De Falla), révèle un merveilleux poète, élégant, nuancé, subtil, là où d’autres tomberaient facilement dans le mièvre, le précieux, l’incolore.
Il n’y pas à tortiller : quel que soit l’instrument qu’il tient dans les mains le grand interprète est toujours quelqu’un qui, en vers ou en prose, vous raconte une histoire. Chez Xavier de Maistre une maîtrise technique époustouflante sert continûment un profond sens narratif. Détail révélateur : plutôt que de conclure la soirée par la brillante Danse espagnole n°1 de La Vida breve, le soliste lui a préféré la secrète et fantasque Légende d’Henriette Renié… Le public ne s’y est pas trompé, réservant une ovation chaleureuse à un artiste que l’on courra entendre les 14 et 15 janvier prochains au TCE dans le Concerto de Ginastera, avec l’Orchestre National de France sous la baguette de Riccardo Muti.
Alain Cochard
Paris, Théâtre des Bouffes du Nord, le 9 novembre 2009
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Photo : Marco Borgreve
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