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Compte-rendu : Un grand diseur - Edwin Crossley-Mercer chante Schubert
L’immersion dans le Voyage d’hiver avait été préparée par l’arrivée subreptice des Saints de glace qui, entre froid, pluie et vent, créait dans la capitale ce climat propice à entrer en sympathie avec la musique de Schubert. Le jeune baryton français Edwin Crossley-Mercer, déjà remarqué en France ou en Allemagne aussi bien dans le répertoire baroque que dans les grands rôles d’opéra, se confrontait en compagnie du pianiste russe Semjon Skingin au célèbre cycle.
D’une clarté de diction exemplaire, totalement engagé dans les visions schubertiennes de larmes glacées, d’illusions, de tempêtes intérieures, parfaitement accordé aux pas d’un pianiste excellent et attentif aux inflexions du texte, Edwin Crossley-Mercer n’hésite pas à dramatiser le propos parfois aux limites de la dimension théâtrale. Si le geste parfois accompagne le chant, il ne nuit jamais à la qualité de la ligne vocale d’une grande unité, bien timbrée, aux graves somptueux et à la projection des aigus maîtrisés. La riche palette de couleurs est assortie aux états d’âme ondoyants et divers et aux sentiments variés qui envahissent le narrateur.
Les bis, que l’on n’attendait pas après une telle marche vers le néant, sont consacrés à la musique française : Romance de Debussy, Clair de lune de Fauré, Elégie de Massenet. Ils confirment le grand art de cet artiste qui, âgé de vingt-huit ans, est déjà en possession d’une expérience de la scène hors pair. Il est vrai que ses maîtres, excusez du peu, ont pour nom Thomas Quasthoff, Udo Reinemann, Julia Varady ou Dietrich Fischer-Dieskau…
Michel Le Naour
Paris, Musée d’Orsay/Auditorium, 11 mai 2010
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Photo : DR
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