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Concert de gala de l’Académie de l’Opéra de Paris – Un vivier de talents – Compte-rendu
Tous les ans, au mitan de la saison, les jeunes chanteurs de l’Académie de l’Opéra de Paris – c’était déjà la tradition du temps de l’Atelier lyrique – ont rendez-vous à Garnier pour un concert de gala qui permet de faire le point sur les qualités des pensionnaires de la structure de formation dirigée par Myriam Mazouzi depuis sa création en 2015.
Jean Deroyer se tient cette fois à la tête des musiciens de l’Orchestre de l’Opéra et commence avec l’ouverture du Schauspieldirektor de Mozart, menée de preste et spirituelle façon. Premier dans l’ordre de passage, Maciej Kwasnikowski montre un brin de tension au commencement d’ « Un’aura amorosa » (Così fan tutte), mais très vite le ténor polonais (membre de l’Académie depuis 2017 ; on trouvera la date d’entrée derrière chacun des noms ndr ), que le prix du Cercle Carpeaux a distingué l’an dernier, se montre dans la plénitude de ses moyens, stylé et lumineux. La soprano irlandaise Sarah Shine (depuis 2017) lui succède avec l’air « Ruhe sanft, mein holdes Leben » (Zaïde), d’une fine poésie.
Place au XIXe siècle ensuite, avec d’abord le « Chacun le sait » de la Fille du régiment dans lequel la soprano russe Liubov Medvedeva (depuis 2018) manifeste un charme, un tempérament et une assurance qui font mouche. Tout comme le duo « Venti scudi » (L’Elixir d’amour) qui suit, réunissant deux Français : le ténor Jean-François Marras (depuis 2016) et le baryton Timothée Varon (depuis 2018). Du côté de Nemorino comme de Belcore, la caractérisation est parfaite, la voix épanouie, le bonheur du jeu scénique évident. On passe alors à Massenet : le Lescaut du beau baryton ukranien Danylo Matviienko (depuis 2017) a fière allure dans « A quoi bon l’économie », avant que « Je marche sur tous les chemins » ne montre la Manon au timbre riche et à la musicalité très sûre de la soprano Marianne Croux (depuis 2017), impeccablement entourée J.-F. Marras (Guillot) et T. Varon (Brétigny).
© Académie de l'Opéra de Paris
Retour à Mozart après la pause avec Angelique Boudeville (depuis 2017) dans le « Crudele ?... Non mi dir » (Don Giovanni). Pierre-René Serna a souligné il y a peu les qualités de la soprano à l’occasion d’un programme français de l’Académie à l’Amphithéâtre Bastille (1). Elles se confirment ici : quel sens dramatique ! ; dès la première note, la chanteuse est dans son personnage et d’une voix homogène, bien projetée, aux aigus faciles, elle traduit tous les tourments de Donna Anna.
Suit le « Rivolgete a lui lo sguardo » (Così fan tutte) par le baryton américain Alexander York (depuis 2018). Ce Guglielmo ne manque pas de présence ; il aurait même tendance à forcer le trait et gagnerait à une expression un peu plus sobre.
Les bonnes impressions de la première partie se confirment lors du « All’idea di quel mettallo » (Le Barbier de Séville) où l'on retrouve Maciej Kwasnikowski et Danylo Matviienko pour un duo Almaviva/Figaro aussi convaincant vocalement que du point de vue théâtral.
Moment d’exotisme, le « Nour-Eddin, roi de Lahore » (Djamileh de Bizet) met en valeur le timbre sensuel de la mezzo égyptienne Farrah El Dibany (depuis 2016). Massenet revient ensuite avec l’air des lettres de Werther que la mezzo américaine Jeanne Ireland (depuis 2017), voix épanouie, vit avec une intensité rare. Angelique Boudeville (photo à dr.) et Jean-François Marras (photo à g.) ne sont pas en reste sur ce point dans le duo « Va ! je t’ai pardonné ... Nuit d’hyménée » extrait du Roméo et Juliette de Gounod : un moment bouleversant qui emporte à juste titre l’enthousiasme de l’auditoire.
Le Finale de l’Acte II de la Chauve-Souris de Strauss conclut de la plus joyeuse façon ; il réunit tous les participants – avec le renfort des voix des pianistes chefs de chant de l’Académie (Benjamin d’Anfray, Rémi Chaulet et Alessandro Praticò) ! – emmenés avec fougue par Jean Deroyer, aussi précis, attentif et engagé que durant tout le reste de la soirée.
Alain Cochard
Paris, Palais Garnier, 16 janvier 2019
(1) www.concertclassic.com/article/ravel-debussy-et-berlioz-par-lacademie-de-lopera-de-paris-florilege-melodique-compte-rendu
Photo © Académie de l’Opéra National de Paris
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