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Concert UNiSSON à l’Opéra-Comique – La force du collectif – Compte-rendu

A RETROUVER SUR FRANCE MUSIQUE LE 31/10 à 20H  //

Quel coup de génie des membres de l’association d’artistes lyriques au nom si bien trouvé, UNiSSON, de lancer un concert – dont la recette ira intégralement au fonds de soutien pour les chanteurs frappés de plein fouet par les conséquences de l’épidémie (1) d’entonner la perle du répertoire lyrique qu’est le Gran pezzo concertato a 14 voci du Voyage à Reims de Rossini. Après trois mots d’Antoine Bing (président de l’association), Anna Kasyan a lancé aux côté de ses treize collègues : « Vous êtes empêchés d’aller à la fête de Reims ? Eh bien réjouissez-vous car, à Paris, ce n’est pas à une fête que vous allez assister, mais à plusieurs, et bien plus belles !  ». La joie de se trouver face à un public après tant de semaines d’ « abstinence scénique » se lisait sur tous les visages, s’entendait dans toutes les voix. On ne pouvait rêver plus facétieux pied de nez à l’actualité du premier jour de couvre-feu que ce sémillant ensemble-là. Avec cet irrésistible départ, le la fut donné d’une représentation où se sont enchaînés durant deux heures, et à vive allure, une vingtaine de duos, trios, quintettes, sextuors, septuors, et pièces à plus encore. L’exercice un peu contre nature d’extraits d’ouvrages lyriques sans rapport entre eux est souvent périlleux ; or ce concert monté en une journée (!) fut un enchantement de sa première note à sa dernière.
 
Bravo, bravissimo [al] signor padrone du spectacle (le ténor Philippe Do) et à la petite soixantaine de chanteurs et chanteuses à l’élégance rouge/noir toute stendhalienne (Rossini oblige), qui ont chanté et un peu joué – encore un tour de force par temps covidien – pratiquement tout ce programme, pour lequel ils n’auront touché aucun cachet, par cœur. Pas de partitions : le courant entre les interprètes et le public passe tellement mieux ! Tous, du plus connu au débutant, ont donné leur meilleur. On pourrait saluer tel ou tel , mais dans un moment si collectif on s’en abstiendra — sauf à remercier les trois pianistes ultra solides et admirables d’écoute (Nathalie Steinberg, Selim Mazari et Cécile Restier étaient situés aux kilomètres réglementaires de leurs chanteurs…),  et à signaler deux moments particuliers : la création d’un petit quatuor d’Arthur Lavandier, « le bonheur d’aimer » (par Chloé Briot, Alex Le Taux, Matthias Vidal et Christophe Gay), qu’on écoutera volontiers à nouveau lors de la transmission sur France Musique, ainsi que les si impassiblement bouleversants Oiseaux de Paradis de Ravel, chantés a cappella comme il se doit, et à la perfection par Philippe Jaroussky, Chantal Santon-Jeffery, Anne-Sophie Duprels, Scott Emerson et Pierre Bessière.  Mais c’est avant tout le collectif qui fut l’âme de ce concert plus que chaleureusement applaudi, et dont tous ceux qui étaient dans la salle garderont longtemps le souvenir. Gageons qu’il n’y a pas, parmi les présents, que Madame la ministre de la Culture (dont l’amour du lyrique n’est un secret pour personne) qui demandent à UNiSSON : quelles prochaines réjouissances et à quand le prochain concert ?
 
Stéphane Goldet

(1) www.concertclassic.com/article/une-interview-de-karine-deshayes-lempathie-lhumain-sont-indispensables-pour-faire-face-cette
Site de l’association UNiSSON : www.unisson.net/
 
Paris, Opéra-Comique, 17 octobre, retransmission sur France-Musique le 31 octobre 2020 à 20h.   
 
Photo © Christian Lartillot
 

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