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CONCOURS INTERNATIONAL DE JEUNES CHEFS D'ORCHESTRE DE BESANÇONLE BLOG - Kazuki Yamada vainqueur du 51e Concours de Besançon
La patience et le travail ont payé ! Kazuki Yamada comptait déjà parmi les candidats au Concours international de jeunes chefs d’orchestre de Besançon il y a deux ans, mais la concurrence, et ses lacunes d’alors, ne lui avaient pas permis de franchir le cap des demi-finales. Depuis l’ancien élève de Yoko Matsuo – une lauréate du Concours bisontin – a gagné en expérience et c’est un chef aguerri qui a raflé à la fois la récompense suprême et le Prix du Public. Il n’était que de voir la manière avec laquelle l’artiste tout juste trentenaire entre scène et prend place devant les musiciens pour comprendre à quel professionnel on a déjà affaire.
Mais à ce stade, le plus dur restait à accomplir...
Sa manière de mener avec vitalité, sens des timbres, fluidité et, bien sûr, précision Times, la très belle pièce composée pour le 51e Concours par Edith Canat-de-Chizy, augurait déjà d’un succès. Par rapport aux deux candidats qui l’avaient précédé, Kazuki Yamada a ensuite offert le meilleur accompagnement aux deuxième et troisième mouvements du Concerto pour violon de Mendelssohn sous l’archet de David Grimal – sans doute un peu aidé par un soliste qui ne faisait pas mystère de son penchant pour ce candidat. Très contrasté, sinon spectaculaire par moment, mais toujours impeccablement « tenu », le premier mouvement de la Symphonie fantastique a enfin permis au jeune maestro d’emporter le morceau face à deux concurrents objectivement devancés – un concours est un concours, qu’on le veuille ou non.
On aurait toutefois bien tort d’oublier le nom de Tomohiro Seyama, et pas seulement parce qu’il arbore une noire tignasse toute osawaienne. Originaire d’Osaka, installé à Vienne, il lui reste encore un peu de chemin à parcourir pour arriver à la pleine possession de son énorme potentiel musical. Les horizons poétiques qu’il a su dévoiler, le mystère qu’il a apporté à Times, d’un raffinement sonore incroyable, et plus encore à un mouvement berliozien d’une bouleversante force d’émotion – les quelques secondes qui précédèrent l’explosion des applaudissements en disaient très long à ce propos… – l’on prouvé plus que tous les discours. M’est d’avis que Seyama pourrait bien refaire parler de lui dans deux ans à Besançon… En tout cas, d’ici là, si vous passez par Vienne et repérez un concert de son Kammerorchester Japan – une formation composée d’étudiants japonais et de musiciens professionnels – ne le manquez pas ! Mais si vous assistez à une soirée avec le Singverein vous entendrez la voix de Seyama sans le savoir. De ce poste d’observation, il apprend des Boulez, Mehta, Muti et autre Rattle sous la direction desquels le célèbre chœur autrichien travaille souvent. Tomohiro Seyama observe et, un de ces jours ; vous verrez …
Quant à Rossen Gergov, la déception est grande par rapport à ce que l’on avait entendu lors de la répétition du matin. Assistant d’Osawa, le chef bulgare maîtrise le travail préparation du concert avec une belle autorité, mais sans doute ce rôle dans l’ombre d’un grand maître a-t-il freiné l’éclosion d’une personnalité qui aurait besoin de se frotter plus souvent à des salles pleines. Après une interprétation assez rondement menée bien que relativement extérieure de Times, il n’a pas tenu ses promesses, que ce soit dans Mendelssohn ou dans un Berlioz déséquilibré et imprécis.
Des critiques à replacer évidemment dans le contexte d’une finale, au terme d’une semaine épuisante pour les candidats. Sachons relativiser… On ne parvient pas à la dernière épreuve du Concours international de Besançon par l’opération du Saint-Esprit !
Alain Cochard
Besançon, le 20 septembre 2009
Photo : DR
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Le 19 septembre 2009
La semaine bisontine du BBC Symphony Orchestra
Après une première épreuve avec l’Orchestre de Besançon Franche-Comté, les candidats aux 51e Concours international de jeunes chefs d’orchestre se produisent depuis mardi à la tête du BBC Symphony Orchestra, qui a pris ses quartiers pour la semaine dans la ville natale de Hugo et des frères Lumière.
Avec le professionnalisme qu’on leur connaît, les musiciens britanniques se mettent au service des concurrents et, ce samedi matin, la deuxième et dernière répétition avant la finale l’a une fois de plus prouvé. Qualité d’écoute, attention aux options interprétatives proposées, souplesse, attitude souriante, rassurante : les membres du BBC Symphony Orchestra ont visiblement conscience de l’enjeu musical et humain pour de jeunes chefs qui n’ont d’ailleurs pas manqué de leur adresser des mots de remerciements chaleureux, quand ce n’est profondément émus, au terme de leurs interventions respectives.
Les jeux sont ouverts, disait-on hier ; la formule vaut encore plus au terme de la répétition de ce matin. Trois vraies personnalités s’affirment et dans tous les cas les deux concurrents « malheureux » de ce soir sont des musiciens dont il faudra retenir le nom. La tâche du jury présidé par Jiri Belohlavek (photo) (en remplacement de Zdenek Macal qui a dû se décommander pour des raisons de santé) risque de ne pas être simple…
Parallèlement au Concours, le Festival de Besançon se poursuit. Il ne pouvait évidemment manquer de profiter de la présence de Belohlavek et de ses musiciens. Elgar, Brahms et Beethoven figuraient au programme du concert donné jeudi par le BBC Symphony Orchestra. Celui-ci parle sa langue natale dans l’ouverture In the South dont le maestro tchèque exalte la profusion mélodique et le chatoiement des couleurs. Elgar enivré par la lumière et les senteurs de l’Italie… - et beau solo d’alto de Norbert Blume !
On ne goûte pas moins à l’énergie, à la foisonnante vie des Variations sur un thème de Haydn de Brahms dont Belohlavek maîtrise le déroulement avec une simplicité teintée d’un brin de bonhommie. Ce naturel dans les enchaînements fait merveille aussi dans une Symphonie « Pastorale » dont on se souviendra longtemps. Symphonie en cinq mouvements ? La conception s’apparente plutôt à une grande respiration en cinq sections, tendre ou exacerbée (formidable orage !), pleine d’allant, de relief, de « fruit », gorgée de la poésie du ciel et de la terre eût dit Claude de France. Un Beethoven qui penche bien plus du côté des prédictions que des souvenirs, pour paraphraser le mot fameux de Charles Rosen.
Alain Cochard
Photo : DR
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Le 18 septembre 2009
Finale nippo-bulgare
L’heure du verdict approche… Au terme de la demi-finale du 16 septembre, le jury du 51e Concours international de jeunes chefs de Besançon présidé par Zdenek Macal a retenu trois candidats pour la finale : Rossen Gergov (28 ans, Bulgarie), Tomohiro Seyama (29 ans, Japon) et Kazuki Yamada (30 ans, Japon). Dans tous les cas, une expérience déjà affirmée a, à l’évidence, profité aux concurrents.
Ancien élève de Leopold Hager, Gergov s’est en effet perfectionné en tant qu’assistant de Seiji Osawa et a collaboré avec diverses phalanges, allemandes et autrichiennes en particulier. L’Autriche est également chère à Tomohiro Seyama, un autre disciple d’Osawa, puisqu’il y a réalisé ses études à Vienne avant d’y fonder l’an dernier le Kammerorchester Japan. Quant à Kazuki Yamaka, il est resté jusqu’ici plus proche de sa terre natale que son compatriote, mais il s’y est également forgé un solide métier, que ce soit avec l’Orchestre Philharmonique du Japon ou le Symphonique de Tokyo.
Bref, samedi ce sont donc trois baguettes aguerries qui se confronteront, à la tête de l’Orchestre du BBC Symphony Orchestra, dans Berlioz, Mendelssohn et Canat-de-Chizy (Times, une pièce en création mondiale dont les répétitions de ce vendredi nous ont montré qu’elle met sacrément à l’épreuve la précision rythmique et le sens des timbres du chef). Les jeux apparaissent donc très ouverts...
Alain Cochard
Photo : DR
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Le 17 septembre
Dans l’attente de l’élu
Le Festival International de Musique de Besançon, créé en 1949, fête aussi cette année le 51e anniversaire du Concours International de jeunes chefs d’orchestre. Il se déroule désormais tous les deux ans et sa réputation est à l’image des vainqueurs de cette compétition : Ozawa, Plasson, Macal, López-Cobos, Soudant, Cambreling, Sado… et plus récemment le jeune Lionel Bringuier.
Une sélection drastique à travers le monde
Les 20 candidats retenus (de 14 nationalités avec une forte présence asiatique) sont le résultat d’une présélection à Besançon, Montréal, Berlin, Tokyo, Pékin, qui rassemblait 247 prétendants. C’est dire combien le choix opéré se situe à un haut niveau d’exigence. L’âge des candidats, le plus souvent proche de la trentaine, pourrait signifier que l’expérience est déterminante pour ce métier de chef dont on connaît les contraintes. Cela n’a pas empêché un jeune britannique de 16 ans d’atteindre le 15 septembre les 1/4 de finale. Parmi les candidats, certains présentent un curriculum vitae particulièrement étoffé et impressionnant : l’un a été l’assistant de Sir Colin Davis, l’autre de Seiji Ozawa, un Japonais a dirigé Don Giovanni à Vienne, un bulgare a participé au Festival de Bregenz. Une française a été chef assistante de La Petite Renarde rusée à l’Opéra de Paris, certains ont remporté des prix dans d’autres concours internationaux ou participent en tant que musiciens d’orchestre à des formations comme l’East-Western Diwan Orchestra de Daniel Barenboïm…
Un répertoire très exigeant
Lors des 1/8e de finale, au menu, l’Ouverture de La Flûte enchantée et le premier mouvement de la 5ème Symphonie de Beethoven. A vingt reprises, l’Orchestre de Besançon-Franche Comté devait répéter ces deux morceaux emblématiques sous la baguette de chaque candidat tout en s’adaptant à des personnalités contrastées aux conceptions parfois antagonistes. Ceci constituait un test particulièrement révélateur où, selon l’un des participants, nulle erreur n’est possible au risque d’être immédiatement sanctionnée. Le jury, présidé par le tchèque Jiri Belohlavek (photo), directeur musical du BBC Symphony Orchestra a pu, durant le quart d’heure que constituait le premier test, porter rapidement un jugement. Les 1/4 de finale en présence du BBC Symphony Orchestra auront été tout autant déterminantes, alliant la complexité de deux mouvements de Tarass Boulba de Janácek à l’élan dramatique et à la respiration mélodique de l’Ouverture de La Force du destin de Verdi.
Les 6 candidats rescapés en vue de la demi-finale (un Vénézuélien, un Bulgare, trois Japonais et une Chinoise) auront à accompagner des extraits de Don Carlo et des Noces de Figaro ainsi que d’Alexandre Nevski de Prokofiev. Enfin, les 3 finalistes, le 19 septembre, devront se mesurer à la création mondiale intitulée Times de Canat de Chizy (elle-même membre du jury et en résidence auprès de l’Orchestre de Besançon), à deux mouvements du Concerto pour violon de Mendelssohn (avec David Grimal en soliste) et à la redoutable introduction de la Symphonie fantastique de Berlioz.
Un concours internationalement connu
Le directeur du Festival, David Olivera, constate combien le public est curieux de voir ces jeunes interprètes faire leurs preuves en quelques minutes face à des orchestres qu’ils ne connaissent pas. Le directeur musical de l’Orchestre de Besançon, Peter Csaba (qui abandonnera ses fonctions l’an prochain), insiste sur l’évolution de la vie musicale de la capitale bisontine (de 50 abonnés il y a 15 ans à 800 cette saison). Lors des voyages qu’il a effectués pour la sélection des candidats, il a aussi eu conscience de l’image de marque de ce concours célèbre à travers le monde qui contribue, autant que la Citadelle de Vauban, à asseoir la réputation de Besançon urbi et orbi.
Besançon, Kursaal
Lire les autres articles de Michel Le Naour
Photo : DR
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Le 16 septembre 2009
3 Questions à Karine Lethiec, altiste et directrice artistique de l’Ensemble Calliopée
Avec trois œuvres d’Edith Canat-de-Chizy inscrites au programme de son concert au Festival de Besançon (le 18 septembre), l’Ensemble Calliopée manifeste son attachement au répertoire contemporain et à la musique d’une créatrice à laquelle une étroite complicité le lie désormais.
Quelle place occupe d’une façon générale la musique dite contemporaine dans l’activité de Calliopée ?
Karine Lethiec : Elle est vitale pour notre Ensemble et représente 50% de son répertoire. Comme il nécessaire de boire et de manger, comme on a besoin du ciel et de la terre, nous avons autant besoin de jouer du Brahms ou des auteurs du début du XXe siècle que de la musique actuelle. Si nous ne fréquentions que la musique contemporaine nous deviendrions secs, mais si nous ne jouions que Schumann et Dvorak nous manquerions de richesse. Nous avons besoin de nous nourrir de diversité, de découvertes.
Comment se sont noués les liens entre Edith Canat-de-Chizy et l’Ensemble Calliopée ?
K. L. : La rencontre s’est produite en 2006. J’avais eu auparavant l’occasion d’entendre une de ses œuvres pour orchestre, quand nous nous sommes retrouvés autour d’une table pour regarder ses partitions ensemble, l’interroger sur ce quelle avait écrit pour des formations de chambre, ce quelle aimerait faire jouer, sur sa démarche, etc. Nous nous sommes rendus compte très vite qu’elle est passionnée par les cordes – elle-même est violoniste – et nous avons rapidement programmé le trio à cordes Moving, que nous jouerons d’ailleurs à Besançon. L’entente a été d’emblée très bonne. Edith a cette « passion instrumentale » qui rend sa musique extrêmement agréable à jouer. Elle est basée sur le geste, sur un confort de l’instrumentiste et elle est inspirée - ce qui n’est pas toujours le cas dans le répertoire contemporain. On y trouve une grande ferveur, une volonté de donner un sens, tout en veillant à ce que les choses soient instrumentalement réalisables. Le geste, l’élan qui la caractérisent procurent beaucoup de plaisir à l’exécutant.
Petit à petit nous sommes entrés dans le langage d’Edith. Nous avons appris à connaître l’artiste, à l’aimer. Nous apprécions son sérieux : quand nous travaillons, elle assiste aux répétitions, elle prend le temps. Au CRR de la rue de Madrid, Calliopée collabore de manière approfondie avec elle(1). Nous avons un projet global sur l’année, réalisé en partenariat avec les classes d’analyse et d’histoire de la musique de Corinne Schneider et avec le pôle de création musicale qu’Edith à mis en place au CRR.
Edith a écrit deux nouvelles pièces pour Calliopée et nous les jouerons au CRR, le 28 janvier 2010, lors d’un concert ont figureront aussi des œuvres de Bruno Mantovani et de la musique française du XXe siècle, car nous ne nous limitons jamais nos programmes au contemporain. Cela nous donnera l’occasion de travailler avec Bruno Mantovani, que nous apprécions beaucoup aussi, et de mettre en parallèle son langage et celui d’Edith Canat-de-Chizy.
Comment avec vous construit le programme du 18 septembre à Besançon ?
K. L. : Il nous fallait tenir compte de plusieurs choses : mettre en valeur les pièces de musique de chambre d’Edith, respecter la thématique italienne du festival et jouer des œuvres dans l’actualité de Calliopée. D’Edith, nous avons retenu trois œuvres : le trio à cordes Moving, Falaises, un quintette à deux violoncelles où, plus exactement, un quatuor avec violoncelle principal, et En bleu et or, une pièce pour alto et piano que j’aime beaucoup, inspirée d’un tableau de Whistler et d’un texture assez debussyste. C’est la raison pour laquelle elle sera associée dans le programme à des Images pour piano jouées par Frédéric Lagarde, le pianiste de Calliopée. Pour rester dans le début du XXe siècle et parce que c’est un auteur sur lequel nous travaillons depuis deux ans et que nous nous sommes donné pour mission de faire connaître, nous jouerons le chef-d’œuvre de la musique chambre de Bohuslav Martinu, le Quatuor avec piano H. 287(2). Quant à l’Italie, elle ouvre le programme avec une Sonate a quattro de Rossini, dans un arrangement « calliopéen » pour deux violons et deux violoncelles.
Propos recueillis par Alain Cochard
(1) On trouvera une illustration de cette collaboration sur le DVD inclus dans le livre d’entretien d’Edith Canat-de-Chizy avec François Porcile (Editions Cig’art)
(2) Un Quatuor qui figure, aux côtés du premier enregistrement du Trio à cordes n°1 entre autres, sur un remarquable CD Martinu de l’Ensemble Calliopée (Alpha – 143)
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14 septembre 2009
3 questions à Edith Canat-de-Chizy
Compositrice en résidence du 62e Festival de Besançon, Edith Canat-de-Chizy est également membre du jury du Concours international de jeunes chefs d’orchestre, présidé par Zdenek Macal, et a pris une part très active dans la préparation de cette compétition.
Comment s’est préparée votre résidence à Besançon ?
Edith Canat-de-Chizy : Elle a fait l’objet très gros travail en amont car je ne disposais que d’un an. En principe la résidence à Besançon dure deux ans, mais étant donné que Bruno Mantovani y était resté trois ans, le Festival m’a demandé de procéder ainsi pour « retomber sur ses pieds » en termes de calendrier. J’ai effectué de nombreuses interventions après du Conservatoire, auprès de toutes les écoles de musique avoisinantes (Dole, Vesoul, Belfort), auprès des collèges, de l’Université. J’avais trois sujets de conférences en relation avec ma musique : poésie et musique, peinture et musique, geste et écriture.
J’ai également écrit la partition destinée à la finale du concours. Elle sera créée le 19 septembre avec l’Orchestre Symphonique de la BBC et s’intitule Times, un titre très adapté à Besançon qui est la ville de temps, ce à quoi je n’avais d’ailleurs pas pensé au départ.
Comment s’est effectué le choix des autres œuvres de votre main qui seront jouées lors de divers concert du Festival ?
E. C. de C. : J’en ai parlé tout au début avec David Olivera (le Directeur du Festival, ndlr). Nous avons décidé ensemble qui nous allions inviter pour interpréter des œuvres illustrant les principaux aspects de ma musique. Elisabeth Chojnacka, Cyril Dupuy et Florent Jodelet donneront une création pour clavecin, cybalum et percussion, mais il y aura par ailleurs des pages vocales interprétées par le Nederlands Kamerkoor, avec lequel j’avais auparavant réalisé un CD, des œuvres musique de chambre confiées à l’Ensemble Calliopée, et enfin trois œuvres d’orchestre : Times avec l’Orchestre de la BBC, La Ligne d’ombre par l’Orchestre de Besançon et Omen par l’Orchestre National de Lyon. Je vais en profiter pour réaliser un enregistrement intégral de mes pièces d’orchestre pour le label Aeon.
Vous êtes également membre du jury du Concours international de jeunes chefs d’orchestre et vous avez là-aussi beaucoup travaillé en amont…
E. C. de C. : En effet, j’ai participé avec Peter Csaba et David Olivera aux présélections. Nous sommes allés à Berlin, Pékin, Tokyo, Montréal. Je participais pour la première fois à la préparation d’un concours de chefs, une expérience passionnante d’autant que je suis sensible, comme tout compositeur, à l’importance du chef car je sais combien les choses dépendent de lui, en grande partie. Peter et moi étions tout le temps d’accord. Nous avons auditionné environ deux-cents jeunes chefs et je constate que, dès que l’on voit entrer le candidat, en fonction de la manière dont il se présente, dont il parle aux musiciens, on sait déjà à qui l’on a affaire.
L’épreuve n’était pas commode pour les candidats car ils dirigeaient Petrouchka dans la version pour piano à quatre mains – celle que Stravinski avait réalisée pour les pianos à rouleaux « Pianola ». Il leur fallait s’adresser aux deux pianistes et les faire travailler, ce qui, avec une partition d’orchestre sous les yeux, n’est pas évident. Le début de la Symphonie « Prague », jouée à quatre mains également, figurait par ailleurs au programme de l’épreuve. Vingt jeunes chefs ont au bout du compte été retenus pour participer au Concours.
Propos recueillis par Alain Cochard
Photo : Isabelle de Rouville
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11 septembre 2009
Trois questions à David Olivera, directeur du Festival de Besançon
A son poste depuis 2007, David Olivera aborde la 62e édition d’une manifestation inspirée par le thème du « Voyage en Italie » et qui se déroule, comme c’est le cas tous les deux ans, parallèlement au célèbre Concours international de jeunes chefs d’orchestre. Il a répondu à concertclassic, quelques jours avant le commencement de la fête musicale franc-comtoise le 11 septembre.
Pourquoi avoir choisi le thème du « Voyage en Italie » ?
David Olivera : « L’édition 2009 est très marquée par la personnalité de notre artiste associé : Zdenek Macal. Depuis l’an dernier nous avons décidé de confier pour deux ans la direction artistique du festival à un chef d’orchestre. Zdenek Macal est un ancien lauréat du Concours et c’est donc avec lui que nous avons déterminé le thème de l’édition 2009 et conçu la programmation. Macal partage avec beaucoup d’autres musiciens un profond amour de l’Italie. Le choix du « Voyage en Italie » est une occasion de s’interroger sur l’attrait de tant de compositeurs, à l’époque romantique en particulier, pour ce pays, sur ce qu’ils sont allés y chercher. Nous avons bien sûr pensé au Prix de Rome, à la Villa Medicis, mais plus largement à des compositeurs de toutes nationalités inspirés par l’Italie.
Comment s’articulent le Festival et le Concours international de jeunes chefs ?
D. O. : Il faut avant tout rappeler que, si le Festival à lieu tous les ans, le Concours est biennal. Une année sur deux, le Festival est donc plus important, plus développé, puisque les années sans Concours il dure seulement dix jours, tandis que lorsqu’il se conjugue avec celui-ci il s’étale sur deux semaines. Nous nous attachons a vraiment intégrer le Concours à la programmation du Festival et, pour le public, les épreuves du Concours sont des rendez-vous aussi importants que les concerts du Festival. Cette imbrication des épreuves et des concerts contribue à faire l’identité d’un Festival où l’on retrouve d’anciens lauréats. Des relations privilégiées se nouent ; les chefs ne viennent pas diriger à Besançon comme ils iraient le faire ailleurs. Ils sont prêts à se lancer dans des expériences musicales parfois un peu particulières.
Qu’en est-il de l’ancrage régional du Festival et des liens que vous tissez avec des institutions proches géographiquement telles que le Festival de Montreux ou le Concours Clara Haskil ?
D. O. : L’objectif du Festival est d’avoir un niveau d’exigence dans la programmation qui soit en phase avec la notoriété du Concours international de jeunes chefs d’orchestre, et donc de présenter des musiciens, chefs, orchestres, solistes, qui représentent ce qui se fait de mieux dans leurs domaines respectifs. En même temps, il important que le Festival soit ancré localement et dans sa région, en travaillant avec des acteurs culturels locaux, pour que tous les publics et pas seulement les habitués des festivals et des concerts profitent d’une programmation de très haut niveau. Au-delà du cadre de la région stricto sensu, nous avons une collaboration transfrontalière avec le Festival de Montreux et le Concours Clara Haskil. Nous collaborons pour la deuxième année consécutive avec Montreux. L’objectif est que chaque festival serve de support à l’autre pour se faire connaître de l’autre côté de la frontière et que l’échange de public soit ainsi favorisé. L’idée est de développer un parrainage mutuel vis-à-vis des publics. Cette année, nous avons élargi cette collaboration franco-suisse au Concours Clara Haskil – une pianiste dont le nom a marqué l’histoire du Festival de Besançon. C’est là un échange logique entre nos deux concours. Nous accueillons ainsi pour un récital le lauréat du Concours Clara Haskil 2009, le 12 septembre, et le lauréat de Besançon, désigné au terme de la finale, le 19 septembre, dirige le lendemain à Montreux(1).
Propos recueillis par Alain Cochard
(1) Septembre Musical de Montreux-Vevey : www.septmus.ch
Photo : DR
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