Evénement national belge, le Concours International Reine Elisabeth attire toujours un public passionné et les soirées de gala, dont celle au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles – en présence du Roi et de la Reine –, connaissent un engouement qui ne se dément pas. L’édition 2017 était la première consacrée et violoncelle dans l’histoire de la compétition (68 candidats sur la ligne de départ).
 
Un jury d’exception, présidé par Arie Van Lysebeth et constitué de solistes chevronnés parmi lesquels Gautier Capuçon, Henri Demarquette, David Geringas, Natalia Gutman, Frans Helmerson, Gary Hoffman, Anssi Karttunen , Misha Maisky, Antonio Meneses, Truls Mørk, Jian Wang, Pieter Wispelwey, a départagé en finale douze candidats de haut niveau (dont quatre Français formés au CNSMD de Paris). Six Prix ont été décernés, mais les lauréats non classés n’ont pas pour autant démérité (on pense par exemple aux prestations virtuoses de Bruno Philippe ou de Yan Levionnois dont témoigne le beau coffret de 4 CD édité à la fin de la compétition) (1).
 
Premier Prix, Victor Julien-Laferrière (photo, 26 ans) s’est imposé autant par sa musicalité que par sa maturité avec une expérience de la scène qui s’est manifestée dans son interprétation du Concerto n° 1 de Chostakovitch, une œuvre particulièrement prisée des candidats, très bien accompagnée ici par le chef chinois Muhai Tang (un disciple d’Ozawa) à la tête de l’Orchestre Symphonique d’Anvers.
 
Plus lisse mais technicien hors pair, le Japonais Yuya Okamoto (23 ans) obtient le Second Prix du Gouvernement fédéral belge, mais le Troisième Prix, le Colombien Santiago Cañon-Valencia (22 ans), s’impose davantage dans le Concerto d’Elgar d’une justesse de style bien plus convaincante.
Engagé, d’une qualité d’intonation remarquable, Aurélien Pascal (22 ans) surmonte dans le même Concerto d’Elgar les assauts d’un Orchestre Philharmonique Royal de Liège dirigé avec passion par Christian Arming.
Très charismatique, le Biélorusse Ivan Karizna (25 ans), archet léger comme une plume et sonorité mordorée, séduit dans les Variations sur un thème Rococo de Tchaïkovsky par la fluidité de son interprétation. Il obtient le Prix du Public, enthousiasmé lors des épreuves finales par son exécution du Concerto n° 1 de Chostakovitch. Il doit néanmoins se contenter d’un Cinquième Prix.
Solide mais sans génie, l’Américain Brannon Cho (23 ans), Sixième Prix, ne réussit pas à dispenser tout le lyrisme du Concerto de Dvorak et à donner une cohérence à ce chef-d’œuvre pourtant joué sans faute. Quoi qu’il en soit, le 1er Concours Reine Elisabeth de violoncelle restera dans les mémoires, et les graines semées par ces jeunes solistes pleins de talent ne manqueront pas de porter leurs fruits.
    
Michel Le Naour

Liège, Salle Philharmonique, 14 juin 2017
Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, 15 juin 2017
 
(1) Queen Elisabeth Competition of Belgium, Cello 2017, 4 CD QEC2017