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Concours Reine Elisabeth - Une compétition exemplaire - Compte-rendu
Jeudi 16 mai, Concours Reine Elisabeth 2013 dédié au piano. On pourrait qualifier cet après-midi, inscrit dans la semaine de demi-finale, d’ordinaire… Pour dire que le succès public de la célèbre compétition belge ne se dément pas, pas plus que l’attrait qu’elle exerce sur de jeunes musiciens venus du monde entier. 283 dossiers ont été adressés en vue des épreuves de cette année ; 75 ont été retenus ; après les inévitables désistements de dernière minute 63 pianistes étaient présents sur la ligne de départ le 6 mai ; 24 sont en lice pour la demi-finale ; 12 seront sélectionnés pour la finale…
Chaque après midi de demi-finale comprend deux sessions (à 15h et 20h), chacune partagée entre deux concertos de Mozart (chaque candidat a le choix entre les nos 9, 15, 17, 19, 20, 21, 23, 24 et 27), avec l’Orchestre royal de chambre de Wallonie dirigé par Michael Hofstetter, et deux récitals de 45 minutes environ (1). 15h précises : le jury présidé par Arie Van Lysebeth (2), fait son entrée sous les applaudissements d’une salle Flagey (850 places) complète. Jusqu’au terme de la soirée (il sera plus de 23h 35) Flagey ne désemplira pas ! Un tel intérêt pour le Concours a de quoi surprendre un observateur français. Mais il est vrai que « Le Reine Elisabeth » est un événement national en Belgique, largement retransmis par les radios, télévisions, et en streaming sur le site du Concours. Et il vrai aussi qu’il peut s’enorgueillir d’une rigueur dans l’organisation et d’une tenue qui contrastent singulièrement avec le Concours Long-Thibaud…
Parmi le public, on trouve certes pas mal de retraités, qui ont tout le temps de suivre attentivement la compétition – devant moi une délicieuse, et connaisseuse !, petite dame au cheveux gris annote son programme avec une imperturbable rigueur après chaque passage. Mais les jeunes ne manquent pas non plus : gratuit pour les moins de 26 ans et les élèves du Conservatoire de Bruxelles, le Reine Elisabeth travaille à gagner l’intérêt de nouveaux auditeurs. A chaque session de demi-finale, un groupe de 50 personnes est invité à suivre le Concours. Une action pour laquelle les Jeunesses Musicales belges (fondées en octobre 1940, elles sont à l’origine de toutes celles qui ont suivi) et la Fondation BNP Paribas Fortis unissent efficacement leur forces. Ce 16 mai, un groupe amené par l’Association Solidarcité assiste, après avoir bénéficié d’une présentation aussi accessible qu’intelligente de ce qui va suivre, à la session de 15h. A 20h des élèves de la Kunsthumaniora Brussel, une école d’art, seront au rendez-vous. Au terme de la demi-finale, 600 jeunes (entre 8 et 20 ans) au total auront donc été conviés à découvrir le Concours.
Des observateurs présents depuis le début de la semaine nous le confirment, la journée du 16 mai n’est pas la plus remarquable. Hormis, bien évidemment, la prestation de l’Américain Andrew Tyson (né en 1986) qui, malgré l’heure tardive, émerveille par sa présence et son imagination sonore dans la Partita n°1 de Bach, Le jeu des contraire de Dutilleux, la 3ème Sonate de Scriabine ou Dream, œuvre imposée écrite pour le Concours par Frederic Rzewski, où le pianiste conjugue rigueur rythmique et liberté poétique.
On n’a pas été surpris d’apprendre que Tyson fait partie des douze candidats retenus pour la Finale. Celle-ci verra se confronter les candidats suivants : Tatiana Chernichka (Russie), Zhang Zuo (Chine), Rémi Geniet (France), Roope Gröndhal (Finlande), Stanislav Khristenko (Russie), Boris Giltburg ( Russie), Yuntian Liu (Chine), Andrew Tyson (Etats-Unis), Sangyoung Kim (Corée), David Fung (Australie), Sean Kennard (Etats-Unis) et Mateusz Borowiak (Grande Bretagne).
A l’heure où nous rédigeons ces lignes, les douze finalistes sont enfermés à la Chapelle Reine Elisabeth où ils ont découvert et sont en train de travailler le concerto inédit imposé (qui sera joué en plus d’une grande sonate classique et d’un concerto du répertoire). La Finale débutera le 27 mai au Palais de Beaux-Arts ; verdict du jury le 1er juin au soir…
Alain Cochard
Bruxelles, Flagey, 16 mai 2013
(1)Ce qui signifie que, pour chacun des 24 pianistes qui y participent, la demi-finale se compose du concerto de Mozart pour lequel il a opté et d’un récital choisi par le jury entre les deux programmes proposés par le candidat (celui-ci est prévenu 29 heures à l’avance du choix du jury).
(2) Présidé par Arie Van Lysebeth (qui, comme c’est la tradition au Reine Elisabeth, ne vote pas et joue d’abord un rôle de coordinateur et de modérateur), le jury 2013 est composé de Diane Andersen, Frank Braley, Abdel Rahman El Bacha, Peter Frankl, Kim Daejin, Li Jian, David Lively, Nojima Minoru, Anne Queffélec, Staffan Scheja, Jean-Claude Vanden Eynden, Tamas Vasary & Elisso Virsaladze.
Site du Concours Reine Elisabeth : www.cmireb.be
A SIGNALER : Le Concours vient de publier de passionnantes archives de piano pour son 75ème anniversaire (5 CD), rens. : www.cd-elisabeth.be
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Photo : DR
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