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Cyrille Dubois et Tristan Raës à l’Auditorium du Louvre – Deux poètes en Orient – Compte-rendu

Parallèlement à une exposition Delacroix (jusqu’au 23 juillet) au musée, l’Auditorium du Louvre n’a pas manqué de proposer un cycle « Delacroix et la Musique » et l’on sait gré à Laurent Muraro, responsable de la programmation, d’avoir confié un récital de mélodie française à Cyrille Dubois (photo à dr.), accompagné par Tristan Raës (photo à g.) ; un moment de bonheur sans mélange à marquer d’une pierre blanche pour les amoureux de ce répertoire.

Quelque jours après avoir campé un irrésistible Horace dans le Domino noir d’Auber à la salle Favart, le jeune ténor à rendez-vous devant une salle comble au Louvre en compagnie de son pianiste de prédilection (tous deux forment le Duo Contraste) pour un « Voyage en Orient » qui, de Berlioz à Ravel en passant par Félicien David, Saint-Saëns, Chausson, Fauré et Roussel, offre une leçon de style et un moment de poésie pure. La mélodie française ne remporte pas toujours le succès qu’elle mériterait auprès de mélomanes qui l’associent trop souvent à des atmosphères compassées. On ne peut mieux servir sa cause qu’en la confiant à des interprètes tels que ceux du Duo Contraste.

Dès L’Île inconnue et Sur les lagunes (ext. des Nuits d’été), la totale simplicité, la clarté diction, la prégnance expressive du chanteur s’imposent. Tout comme son art du juste caractère, dans deux charmantes pièces de David par exemple (L’Egyptienne, Tristesse de l’odalisque). C’est il y a pile une décennie que les deux musiciens se sont rencontrés au Conservatoire de Paris dans la classe de l’incomparable Anne Le Bozec : on comprend mieux dès lors la relation fusionnelle avec laquelle ils servent chaque mélodie. La Brise, La Splendeur du vide, Tournoiement (bravo à Raës pour la fluidité de son jeu !) de Saint-Saëns s’avèrent exemplaires de ce point de vue et l’on ne goûte pas moins la rêveuse Sérénade et la si évocatrice Caravane de Chausson. Nul maniérisme, nulle mièvrerie mais un admirable sens de la nuance dans les Roses d’Ispahan de Fauré, avant que les deux extraits de l’Horizon chimérique (La Mer est infinie, Je me suis embarqué) n’exhalent une troublante émotion.

Deux rares Roussel (Des fleurs font un broderie et Amoureux séparés), ciselés avec autant d’art que de sensibilité, mènent à Ravel et son Asie (ext. de Shéhérazade). On est plus habitué à des tessitures féminines dans cette œuvre, mais les images innombrables que Dubois, porté par un piano ivre de couleurs, parvient à susciter par-delà les mots, sa force de suggestion emportent une fois de plus l’adhésion au terme d’un programme d’un équilibre parfait. Fabuleux voyage ! (dont une semaine plus tard le public du Louvre-Lens aura aussi pu profiter)

Alain Cochard

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Paris, Auditorium du Louvre, 12 avril 2018 / Fin du cycle "Delacroix et la Musique" avec le Trio Les Esprits (Beethoven, Mozart, le 16/05 et la pianiste Judith Jauregui (Haydn, Chopin, Liszt, le 17/05, )

Photo © Mirco Magliocca

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