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Denis Kozhukhin à l’Auditorium du Louvre - Doigts ailés - Compte-rendu

Les Douze Etudes d’exécution transcendante de Liszt (1851) constituent un Everest que Denis Kozhukhin (1er prix du Concours Reine Elisabeth en 2010) gravit à l’Auditorium du Louvre avec une agilité pourtant contrariée par un piano ne rendant pas justice à sa palette sonore variée et transparente. Exercice de contrôle et de concentration (le soliste demande d’ailleurs à ne pas être applaudi entre chaque pièce), ce cycle appelle virtuosité et sens musical sans faille, qualités dont Kozhukhin fait sans cesse preuve au-delà du premier degré purement démonstratif (main gauche puissante mais desservie par l’instrument, geste se déployant avec une facilité déconcertante).

La vision démoniaque de Chasse sauvage, le caractère épique d’Eroica, la poésie subtile de Ricordanza ou crépusculaire des Harmonies du soir, la fine légèreté des Feux Follets et la puissance tellurique de Mazeppa se succèdent dans le désordre mais avec une aisance où le grand art cache la difficulté.

Cinq bis généreusement donnés (dont le Gluck/Sgambati et des Bach/Busoni) achèvent de convaincre du talent de ce pianiste russe de vingt-six ans aux doigts ailés.

Michel Le Naour

Paris, Auditorium du Louvre, 25 avril 2012

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Photo : DR
 

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