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Domaine privé John Eliot Gardiner – C’est la fête à Rameau !
Du 10 au 17 février, à la Villette et à Pleyel, Sir John Eliot Gardiner et ses English Baroque Soloists sont les protagonistes d’un « domaine privé » tout à la gloire de Rameau.
Après d’inoubliables Troyens de Berlioz mis en en scène par Yannis Kokkos en 2003 au Châtelet, Sir John Eliot Gardiner est de retour à Paris pour un « domaine privé » partagé entre la Cité de la musique et la salle Pleyel. Rameau domine presque exclusivement la programmation ; rien d’étonnant à cela quand on se souvient combien l’auteur d’Hippolyte et Aricie a compté dans la carrière de l’artiste britannique. Hippolyte et Aricie justement : c’est par la projection d’extraits filmés (tournés à Aix-en-Provence en 1983 lors des représentations dirigées par Gardiner ) de l’opéra qui révéla en 1733 le génie dramatique de son auteur que débute, le 10 février à 15h, le domaine privé de Gardiner, tandis que la claveciniste Céline Frisch termine la journée par un récital Rameau.
Lorsque Gardiner paraît, ses fidèles English Baroque Soloists ne sont en général pas loin. Dès le 11 février, un concert-atelier « Rameau et la danse » permet de les retrouver pour un spectacle avec la Compagnie Roussat-Lubek. Un rendez-vous qui sera aussi pour Gardiner l’occasion de présenter au public parisien The Buskaid Soweto String Ensemble, une jeune formation sud-africaine. On la retrouve le 13 février lors du concert qui lui est entièrement dédié.
Lorsque l’on parle de Gardiner et de musique vocale, le Monteverdi Choir est généralement de la partie. Le 14 février, le chef dirige cet ensemble dans un programme Rameau et Couperin, tandis que, point d’orgue à son domaine privé, les choristes britanniques s’associent à nouveau aux English Baroque Soloists pour deux représentations en version de concert (16 et 17 février) de Castor et Pollux (avec Anders Dahlin et Laurent Naouri dans les rôles titres).
A ne pas négliger enfin, même s’il ne fait pas appel à Gardiner, le concert du 15 février donnés par Les Musiciens de Monsieur Croche (Rémy Cardinale, Alexis Kossenko, Christophe Robert, Atsuchi Sakaï, Fabrice Pierre) dans des ouvrages de Rameau, Taffanel, Alkan, Chabrier et Debussy. Une manière de souvenir de l’éblouissement que la musique de Rameau provoqua chez certains auteurs français de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Le 2 février 1903 dans les colonnes de Gil Blas, Monsieur Croche alias Claude Debussy rendait compte avec enthousiasme de l’audition des Actes 1 et 2 de Castor et Pollux à la Schola sous la direction de Vincent d’Indy. L’auteur de Pelléas et Mélisande louait chez son devancier «une pure tradition française (...), faite de tendresse délicate et charmante, d’accents justes, de déclamation rigoureuse dans le récit(…) » et regrettait que l’on ait « oublié à ce point la tradition inscrite dans l’œuvre de Rameau, remplie de trouvailles générales, presque uniques »(1).
Claude de France a été entendu depuis. Grâce à Gardiner, entre autres…
Alain Cochard
(1) Claude Debussy/ Monsieur Croche et autres écrits – L’Imaginaire/Gallimard
Domaine Privé John Eliot Gardiner. Cité de la Musique/Salle Pleyel, du 10 au 17 févier 2007
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