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Don Giovanni par l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris à la MC93 – Vivacité et équilibre - Compte-rendu
Après la production d’Il Mondo della Luna de Haydn en juin 2013 à la MC93 de Bobigny, l’Atelier lyrique de l’Opéra national de Paris retrouve, avec ce Don Giovanni mis en scène par Christophe Perton, la même imagination et le même sens du spectacle. L’action se déroule dans une piscine désaffectée en référence au film Deep end de Jerzy Skolimowski ; décor unique qui permet aux protagonistes de se mouvoir en toute liberté et d’accéder par un escalier à des portes ouvertes ou fermées selon les besoins de l’action. En fond de scène, constamment présent, Mozart en habit d’époque compose au clavecin et accompagne les récitatifs.
Le plateau fait honneur à l’Atelier lyrique. Tiago Matos campe un Don Giovanni sans scrupules et ce dissoluto virevoltant et sadique à souhait finit par susciter une forme d’empathie chez le spectateur. Très à l’aise théâtralement, Matos impose sa forte personnalité avec une facilité qui en fait déjà un professionnel aguerri. Chant malléable, ductile (la Sérénade), maîtrisé (l’Air du champagne), qui trouve dans le Leporello d’Andriy Gnatiuk un compère à sa hauteur, avec lequel il peut transgresser les règles et tromper ses ennemis. Excellent Masetto de Damien Pass au timbre riche et à la voix bien placée. La Donna Anna de Yun Jung Choi au chant puissant et aux vocalises faciles, la Donna Elvira façon bourgeoise exaltée d’Elodie Hache et la piquante Zerlina d’Armelle Khourdoïan contribuent à l’équilibre de l’ensemble. Le Commandeur d’Ugo Rabec (un ancien l’Atelier lyrique, 2005- 2008), intonation profonde, par son humanité tranche avec le caractère marmoréen de l’homme de pierre. Un bémol : le Don Ottavio de João Pedro Cabral manque de présence et de souplesse.
Dans la fosse, Alexandre Myrat fait montre de sens narratif, mais l’Orchestre-Atelier Ostinato ne parvient pas à la fluidité nécessaire dans les transitions sous une baguette qui choisit l’efficacité plutôt que la légèreté. Quoiqu’il en soit, les nombreux scolaires présents dans la salle - et très attentifs au spectacle ! - garderont sûrement en mémoire un Don Giovanni qui, par sa vivacité, leur ouvrira immanquablement le chemin de l’Opéra.
Michel Le Naour
Mozart : Don Giovanni - Bobigny, MC 93, 31 mars 2014
Photo © Cosimo Mirco Magliocca
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