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DVD : La Clemenza di Tito: Le chef d’œuvre de Jean-Pierre Ponnelle

On aura beau jeu de souligner l’outrance des expressions comme la caméra inquisitrice de Ponnelle. Oui Ponnelle proclame que l’opéra est le lieu des conventions et de la surexpressivité. Et il a raison plus encore dans le séria toujours prêt à se figer de la Clemenza , de son cycle Mozart resté inachevé le volet le plus ambitieux et le plus abouti. Tourné en extérieur dans la Rome impériale, au terme de Caracalla, à l’Arc de Titus, ou à Tivoli dans les jardins de la Villa Adriana, ponctué par d’envoûtantes scènes nocturnes aux éclairages irréels, on tient là simplement un chef d’œuvre et il ne faudra pas vous laisser décourager par l’emphase, le surdimensionnement du propos. Au reste, on se fait assez vite à ce style antinaturel, et une fois passé dans la cornue des conventions l’opéra prend enfin toute son ampleur.

C’est un travail d’alchimiste auquel le metteur en scène s’est livré sur l’opéra de Mozart qu’il préférait et qu’il a d’ailleurs littéralement exhumé dés 1969 à Cologne avant de l’imposer sur les scènes du monde entier, car la Clemenza était tombée en désuétude, avait perdu son public. Ici Ponnelle dispose d’une distribution de rêve : le meilleur Titus, violent, rongé par la colère puis apaisé par le pardon d’Eric Tappy, model de chant mozartien, Carol Neblett, cette comète de l’art lyrique qui ne dura que quelques saisons, au sommet de ses moyens pour une Vitelia intrigante, manipulatrice, dangereuse, Malfitano presque gourmée (qui l’eut crut) en Servilia, Kurt Rydl suremployé en Publio, l’Annio volontaire et lyrique à la fois d’Anne Howells, toujours impeccable, et bien sûr le Sesto absolu de sa génération (avec Berganza, plus en retrait peut-être), Tatiana Troyanos. Au pupitre Levine joue une certaine routine, mais les timbres des Wiener Philharmoniker suffisent à la fête.

Ref : La Clemenza di Tito/ Universal 00440 073 4128

Jean-Charles Hoffelé
 

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