Elisabeth Leonskaja ne fait rien comme personne. Prenez son prochain programme à la Philharmonie de Paris, dans le cadre de la série Piano ****. Elle l’ouvre avec une œuvre à la Janus, retrouvant les mânes de Bach et ouvrant dans le clavier de nouvelles perspectives, la très rarement jouée Fantaise op. 77 de Beethoven. C’est faire entrer dans l’apogée du classicisme la musique de nouvelles planètes.

Et elle poursuit précisément dans cet autre monde avec les Variations op. 27 de Webern, que tant dessèchent, mais auxquelles elle donne une profondeur de propos et une sensualité de touche qui en font de la musique éternelle et plus seulement un manifeste. Ce qu’est justement La Tempête, grande sonate naturaliste, pivot d’une trilogie qui transforme le décor de la sonate précédente (la Pastorale), en une action des éléments. Donner à voir presque avant de donner à entendre.

Entracte, puis l’immense 3^ème Sonate en fa mineur de Brahms. Peu de femmes osent la jouer, Leonskaja l’a depuis longtemps domptée ; elle y parle autant qu’elle y chante, en connaît chaque variation d’atmosphère, chaque perspective, et sait architecturer le tout. Une symphonie pour piano qui depuis un quart de siècle lui appartient en propre. Rendez-vous immanquable.

Jean-Charles Hoffelé

Elisabeth Leonskaja, piano
Œuvres de Beethoven, Webern, Brahms
15 avril 2015 – 20h30
Paris- Philharmonie 2
concertclassic.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musique-classique-ELISABETH-LEONSKAJA--PIANO-P2154.htm

Photo © Jo Schwartz