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Esa-Pekka Salonen dirige L’Enfant et les sortilèges – Poésie infinie - Compte-rendu
Tandis que les mains d'Esa-Pekka Salonen dessinent dans l'air de fines arabesques, virevoltent comme les ailes d'un oiseau sans jamais montrer le moindre effort, l'Orchestre de Paris comme souvent lorsqu'il est face à de grands maestri se métamorphose. Touché par la grâce, les instrumentistes déroulent un tapis sonore aux transparences arachnéennes qui fait ressortir toute la féerie imaginée par Ravel dans Ma Mère l'Oye. Certes le regard du compositeur posé sur le conte de Perrault n'est plus exactement celui d'un enfant, mais son écriture ruisselante et cristalline suscite l'émotion et plonge l'auditoire dans une réjouissante rêverie.
Succède à cet irrésistible ballet créé en 1912, L'Enfant et les sortilèges servi par une distribution superlative. Délicieusement accompagné par un orchestre en osmose totale avec son chef, décidément très inspiré par les mélismes de la musique française, chaque interprète se fond avec douceur et espièglerie dans cet univers magique et enfantin.
Le texte de Colette et la partition de Ravel parviennent à nos oreilles et s'épanouissent sans la moindre difficulté, qu'ils s'échappent des gosiers de Sabine Devieilhe, dont les sonorités nacrées sont exquises (Le Feu, Le Rossignol, La Princesse), de l'adorable Enfant d'Hélène Hébrard, de Julie Pasturaud ou d’Omo Bello. Seule la voix rocailleuse d'Elodie Méchain déstabilise ce havre de paix. Du côté masculin on applaudit sans réserve la prestation de Jean-François Lapointe (Horloge et chat), de François Piolino notamment en Théière et en Rainette et de Nahuel di Pierro (Fauteuil et Arbre), ainsi que le beau Choeur de l'Orchestre de Paris préparé avec soin par Lionel Sow. Un concert d'une poésie infinie.
François Lesueur
Ravel : L’Enfant et les sortilèges – Paris, Philharmonie 1, 4 février 2015
Photo © DR
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