Journal
Estelle Poscio et l’Orchestre National Montpellier Occitanie – Un concert sabordé – Compte-rendu
Terminer l’année avec un programme d’opérettes et de morceaux festifs tirés du répertoire allemand n’a rien d’original en soi, mais le public a toujours apprécié ce rituel viennois. Plein à craquer, le Corum de Montpellier avait des airs de fête et le concert du 31 décembre s’annonçait savoureux.
Démarré en fanfare par l’ouverture du Baron Tzigane, cette heure de musique a malheureusement tourné court avec l’arrivée d’Estelle Poscio (photo), soprano à la voix étriquée et à la projection confidentielle. Inaudible dès le premier air canaille d’Adèle « Mein Herr Marquis » tiré de La Chauve-souris. La jeune femme perdue dans l’immense Opéra Berlioz a bien tenté ensuite de soutenir le tempo de l’air « Schenkt man sich Rosen in Tirol », jolie mélodie de Carl Zeller, sans pour autant y parvenir, malgré un visage déformé par les efforts. De retour après une Kaiser Walzer jouée avec une belle énergie par l’Orchestre national de Montpellier Occitanie, l’apprentie chanteuse s’est essayée à Lehár, ouvrant désespérément la bouche sans réussir à se faire entendre, se croyant obligée pour compenser ses lacunes, de minauder et de gesticuler dans tous les sens pour se donner un maintien qu’elle n’a pas. Contrainte d’abandonner la partie avant le Pays du sourire, Estelle Poscio a préféré s’éclipser après s’être excusée d’avoir perdu sa voix (mais en a-t-elle une ?).
David Niemann © Marko Sinastaj
Resté seul avec ses musiciens, le chef allemand David Niemann a conclu le programme comme il l’avait commencé, avec une belle vitalité, sa direction souple et aérienne, aux tempi vifs, s’accordant parfaitement à une polka d’Eduard Strauss, au Künstler Quadrille de Johann Strauss fils et plus encore aux délicieux méandres du Beau Danube bleu donnés sans trop savoir pourquoi, comme l’ensemble de ces pages, sur d’interminables images de faune et de flore façon "La Vie des animaux", sans doute très éducatives – la reproduction des grenouilles et le comportement des loutres en période hivernale n’a plus de secret pour nous ! – mais au bout du compte, assommantes.
François Lesueur
Montpellier, Le Corum – Opéra Berlioz, 31 décembre 2017
Photo © Rolf Mäder
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