Festival « Extension du Domaine de la Note » à Paris, concerts Proxima Centauri à Bordeaux : genre réputé difficile, la musique contemporaine invente des moyens pour attirer de nouveaux auditeurs.

« Extension du domaine de la note » : le festival n’a jamais aussi bien mérité son nom. Si elle débute (jeudi 27 avril) au Centre culturel suisse de Paris, l’édition 2006 s’étend en effet au département du Val-de-Marne et la manifestation quitte donc Paris intra muros pour la première fois. Pour accompagner cette extension, il était nécessaire selon David Jisse (directeur du festival) «de donner des portes d’entrée spécifiques à un public pas forcément sensibilisé au répertoire contemporain ».

Rencontre du jazz, des arts plastiques et de la musique contemporaine, le spectacle « Errances » de Leonzio Cherubini (27 et 28 avril) qui inaugure le festival donne le ton d’une programmation où le cinéma, le théâtre ou le reportage s’unissent aux sons dans un démarche qui, selon D. Jisse, « témoigne parfois de la cruauté du monde mais avec intelligence, sensibilité et musicalité ».

Le cinéma est certainement l’un des meilleurs alliés de la création contemporaine et l’Ensemble Sillages accompagne ainsi « Las Hurdes » de Luis Buñuel et « A propos de Nice » de Jean Vigo de partitions de Martin Matalon et de François Paris (mardi 2 mai, 18h30, Théâtre de Cachan), tout comme on découvre une création Kasper T. Toeplitz en contrepoint de « Von Morgens bis Mitternachts » de Karl Heinz Martin (1920) à l’Auditorium du Louvre les vendredi 12 et samedi 13 mai(20h30) et le dimanche 14 mai (16h)
Images aussi, mais sous forme de reportage cette fois, dans la création vidéo-musicale de Samuel Sighicelli « Marée noire » qui, comme son titre l’indique s’inspire des effets parfois désastreux du pétrole sur l’environnement (mardi 9 mai, 20h30, Mairie du Kremlin-Bicêtre).

Les lieux peuvent également contribuer à mettre le public en confiance et à l’inciter à « pousser la porte » d’un concert de musique contemporaine. C’est dans cet esprit que la Péniche Opéra (amarrée à Ivry-sur-Scène) invite à un week-end avec l’Ensemble Multilatérale (Samedi 6 mai -20h30, œuvres de Adamek, Robin, Fagin, Fiszbein, Lima, Durieux, Matalon) et l’Ensemble 2e2m (petit déj’-concert le dimanche 7 mai à partir de 11h), interprète du Quatuor pour la fin du temps de Messiaen et d’une création d’Alexandros Markéas : Karaoké.

Mais on n’oubliera pas non plus l’hommage que l’Ensemble Laborintus rend à Luc Ferrari (jeudi 4 mai, Atelier du Plateau, Paris, 20h30) ou « Voici le nouveau jardin », un hommage à la Chine sur une musique Thierry Pécou, l’un des jeunes auteurs contemporains les plus prompt à voguer vers des horizons lointains (samedi 13, 20h30, et dimanche 14 mai, 16h, au Théâtre-cinéma Paul-Eluard de Choisy-le-Roi).

Bordeaux se met également à l’heure de la musique contemporaine grâce à l’Ensemble Proxima Centauri. Intitulé « Du geste à l’objet », le concert du 4 mai (20h30) entend rappeler que «la musique est avant tout un art du geste, qui donne naissance au son et à l’objet sonore, et dont la perception nous fait entendre la musique », à partir d’œuvres de Havel, Lenners, Hespos, De Mey, Schöllhörn et Xenakis. Le lendemain(à 20h30) Proxima Centauri reçoit une formation suisse, le Nouvel Ensemble Contemporain, pour un programme en l’honneur du violoncelle et en particulier du jeune virtuose Sébastien Singer dans des pages de Wildberger, Birtwistle, Gubaidulina et Yun.

Alain Cochard

Extension du domaine de la note
Du 27 avril au 14 mai
Infos : 01 43 78 80 80

Proxima Centauri/ Nouvel Ensemble Contemporain
Les 4 et 5 mai
Tout Nouveau Théâtre
226, bd Albert Ier
Infos : 05 56 85 82 81


Photo : DR