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Extension du domaine de la note – Une interview de David Jisse
Organisé à l’initiative de La Muse en Circuit, « Extension du domaine de la note » se déroule pour l’essentiel en Val-de-Marne du 5 au 31 mai. Directeur du centre national de création musicale basé à Alfortville et de son festival, David Jisse resitue leurs objectifs respectifs et trace les grandes lignes d’une 8ème Edition plus que jamais convaincue de la pertinence de la formule itinérante adoptée en 2006.
Quels sont exactement les liens de La Muse en Circuit et du Festival Extension du domaine de la note ?
David Jisse : La Muse en Circuit est l’un des sept centres nationaux de création musicale (on en trouve l’équivalent à Lyon avec le GRAME ou à Marseille avec le GMEM). Ces structures ont été fondées il y a vingt-cinq ans environ autour des technologies et, dans le cas de La Muse en Circuit, de la personnalité de Luc Ferrari. Le cahier des charges d’un centre tel que le nôtre se définit autour de plusieurs axes : l’accueil et la résidence des compositeurs, des créateurs, la pédagogie, l’une des grandes missions de notre centre, la recherche et, enfin, la diffusion, dans le cadre de laquelle s’inscrit un festival qui parvient cette année à sa huitième édition. Après cinq premiers festivals au Théâtre Silvia Monfort, il nous a finalement paru utile de diffuser cette musique dans la région francilienne et de monter des partenariats avec des lieux autour de Paris
Quelles sont les grandes lignes de la 8ème édition d’Extension du domaine de la note ?
David Jisse : La pluridisciplinarité et l’hybridation des genres dominent. Je me rends compte de plus en plus, surtout avec notre préoccupation d’aller vers des publics qui ne sont pas forcément familier de ces langages musicaux, qu’il s’agit de la voie privilégiée et utile. Nous présentons ainsi deux ciné-concerts : c’est une manière d’inviter des gens à une séance de cinéma, mais durant laquelle ils vont assister à une création musicale, celle de Carlos Grätzer sur des films de Buster Keaton ou celle de Pierre Badaroux sur « Finis Terrae » de Jean Epstein. Le théâtre musical, que nous pratiquons depuis un certain temps, est autre manière de s’adresser au public. Nous avons programmé cette année Cantatrix Sopranica, sur un texte de Georges Perec avec une musique d’Arnaud Petit, dans une mise en scène de Christine Dormoy. Il s’agit d’une forme très brève d’une petite heure, une opérette un peu loufoque, avec une partition très exigeante. Autre proposition, plutôt jeune public cette fois, Har le tailleur de pierre de Martin Matalon (photo), un conte musical magnifiquement fait : la musique y conduit tout et la narration passe par l’intermédiaire de trois percussionnistes très brillants.
Mais il y a évidemment aussi ce qui fait notre spécificité, c'est-à-dire les technologies. Nous avons plusieurs propositions de cette nature, l’une expérimentale avec la Cie Les Colis-Bruits qui travaille autour d’un instrument très curieux dont le nom peut faire sourire : le « touchemoilophone ». Le corps de l’interprète est muni de capteurs et donne lieu à un travail assez magnifique entre le geste et le sonore. Autre proposition assez curieuse, que nous pratiquons depuis plusieurs années déjà : le « concert sous casques ». Les auditeurs, allongés avec un casque sur les oreilles, sont invités à découvrir dans une situation d’écoute intime un mixage en direct de sons concrets et de sons électroniques – le public est d’ailleurs même convié à intervenir.
Quels enseignements tirez-vous justement du contact avec des publics nouveaux à la rencontre desquels le festival va depuis trois ans maintenant ?
David Jisse : Les lieux qui ont pris le risque de nous accueillir sont devenus des partenaires impliqués parce qu’ils se rendent compte que cela provoque un écho. Nous touchons des gens « ordinaires » qui découvrent un art qu’ils ne connaissent absolument pas et qu’ils n’ont surtout jamais l’occasion de rencontrer. L’aspect important de cette sortie hors des murs de Paris est cette rencontre nouvelle avec des gens qui, j’espère, deviennent un peu convaincus de la modernité musicale.
Cette 8ème Edition est également l’occasion de vous associer avec le Festival Ile de Découverte de l’Orchestre National d’Ile-de-France…
David Jisse : En effet, nous avons inscrit l’un des concerts du Festival dans le cadre de la première journée d’Ile de Découverte, le 23 mai. Il sera dédié à la création des Traces de Martin Matalon, à la Maison des Arts de Créteil.
Propos recueillis par Alain Cochard
Festival Extension du domaine de la note. Du 5 au 31 mai 2008. Paris- Val-de-Marne. Tel. : 01 43 78 80 80. www.alamuse.com
Festival Ile de Découverte. Les 23, 24 et 25 mai 2008 Maison des Arts de Créteil. Tél. : 01 43 68 76 00 / 01 45 13 19 19. www.orchestre-ile.com. www.maccreteil.com
Les concerts de l’Orchestre National d’Ile de France
Photo : DR
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