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Festival Agora : Utopia-Exotica
Incontournable rendez-vous de la musique contemporaine à Paris, le Festival Agora 2007 manifeste une envie d’ailleurs en se plaçant sous le signe d’une utopie mêlée d’exotisme. Temps forts de la semaine : Le Poème électronique de Varèse et Le Corbusier, Exotica de Kagel et Hymnen de Stockhausen.
« L’année des trente ans du centre Pompidou, au cœur d’un espace sensible élargi, l’Ircam inscrit la prospective musicale sous le signe de l’utopie mêlée d’exotisme », affirme Frank Madlener, directeur de l’Ircam. Du 6 au 24 juin, les exemples de cette envie d’ailleurs auront bien des occasions de s’exprimer, en des lieux parfois nouveaux (le Théâtre Claude Lévi-Strauss du musée du quai Branly) et ce devrait contribuer à attirer un public plus large vers un répertoire qui intimide parfois.
Place à des pionniers en ouverture du Festival 2007 avec d’abord Edgar Varèse. Le Poème électronique pour bande magnétique, que l’auteur de Déserts avait conçu pour le pavillon Philips de l’Exposition internationale de Bruxelles 1954, figure en effet au programme de la soirée inaugurale, accompagné du film de Le Corbusier qui l’accompagne, tout comme – voisinage logique – Intégrales, partition de 1924 qui pressent bien des apports de l’électronique. Quant à la création mondiale de Valerio Sannicandro, également à l’affiche, elle sera l’occasion d’une expérience originale puisque son Ius Lucis est écrit pour deux ensembles synchronisés situés l’un à l’Ircam, l’autre à Beaubourg.
L’apport des musiques extra-européennes à la création est aujourd’hui chose courante. Elle l’était moins quand en 1970, Maurizio Kagel fit appel à nombre d’instruments extra-européens pour Exotica, pièce au sujet de laquelle le musicien confie n’avoir pas « voulu incorporer des modes, des figures et des rythmes de façon savante, mais au contraire à l’état sauvage, naturel, brut »(1). Quel meilleur lieu pour entendre cette pièce que le musée du quai Branly où l’artiste argentin en personne dirigera l’Ensemble Modern ?
Autre pièce pionnière, Hymnen (1967), tableau électronique en quatre régions, manifeste une démesure bien à l’image du démiurge Stockhausen. L’ouvrage s’offre à l’auditeur dans une nouvelle version donnée avec la participation du Ballet de Lorraine, dans une scénographie de Gérard Fromanger et une chorégraphie de Lia Rodrigues et Didier Deschamps.
Entrée en matière copieuse on l’aura compris, et ce n’est toutefois là que le début d’une programmation diversifiée dont le point d’orgue n’est pas le moment le moins attirant. Wagner Dream : l’ouvrage lyrique de Jonathan Harvey projette l’auditeur dans le rêve de l’auteur de Parsifal parvenu au terme de son existence et songeant à l’opéra inspiré d’une légende bouddhique qu’il eût aimé écrire.
De quoi attirer à la fois wagnériens fervents et tenants de la modernité lors de deux représentations, les 23 et 24 juin à Nanterre.
Alain Cochard
(1) Interview de Mauricio Kagel par Eric Dahan (Libération du 4 juin 2007)
Festival Agora, du 6 au 24 juin 2007
Photo : DR
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