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Festival de Pesaro – Zelmira, perle rare
Pesaro a en quelque sorte réinventé Rossini, présentant des ouvrages rares, voir parfois totalement abandonnés, de l’auteur du trop célèbre Barbier de Séville. Ce festival courageux fut au centre du « Rossini revival », donnant à voir et à entendre des œuvres qui étaient parallèlement enfin publiées dans des éditions dignes, assorties d’appareils critiques posant une nouvelle donne pour l’opus rossinien. C’est grâce à Pesaro que l’on a retrouvé le vrai visage du compositeur, et celui ci correspondait enfin aux légendes qu’avait rapportées Stendhal.
On n’attendra pas des mises en scène révolutionnaires. Le style illustratif, si communément répandu en Italie, sévit aussi à Pesaro. Mais pouvoir (re)découvrir en quelques jours Zelmira, Il Viaggio a Reims, Le Comte Ory ou La Scala di Seta, quelle fête !
Zelmira est la perle rare de cette édition. Ecrite par Rossini pour être représentée lors d’une tournée du San Carlo à l’Opéra de Vienne, mais créée à Naples avec la Colbran dans le rôle titre (en route pour Vienne Rossini l’épousera durant l’étape de Bologne), l’œuvre connut un succès foudroyant. Le XXe siècle la redécouvrit tard – c’est Virginia Zeani qui, durant la stagione 1965, réinventa littéralement le rôle sur la scène où la Colbran l’avait créé. Pesaro l’inscrivit définitivement au répertoire mondial avec sa fameuse production de 1995, qui a parcourut la planète. Et cette fois plus qu’aux dames (Kate Aldrich tout de même), on surveillera les ténors : Florez, Kunde quel luxe !
La Scala di Seta affiche un cast plus modeste (où seule Peretyatko promet vraiment de briller), Le Voyage à Reims, indistribuable, reste loin des stars qui l’ont réinventées in loco dans les années quatre-vingt puisque ce seront les élèves de l’Académie du Festival qui s’y frottent (mais quelques révélations seront certainement à glaner), et Le Comte Ory lui même semble sur le papier bien modestement doté.
Mais qu’importe, l’esprit du Festival sauvera tout.
A noter également, en concert de clôture (le 29 août), une Petite Messe Solennelle richement dotée en gosiers - Aldrich, Bonitatibus, Meli, Palazzi - ; on devra y courir d’autant que l’œuvre est aussi délicieuse que touchante.
Jean-Charles Hoffelé
Festival Rossini, Pesaro, du 9 au 29 août.
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Photo : DR
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