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Festival Musiques au Pays de Pierre Loti – Inventif et convivial – Compte-rendu
Pour sa 13ème édition, Musiques au Pays de Pierre Loti offre comme à l’accoutumée une programmation généreuse et originale imaginée par le chef d’orchestre Julien Masmondet (photo), directeur artistique d’une manifestation qui, une semaine durant, se structure autour d’une thématique consacrée cette année au centenaire de la Première Guerre Mondiale. Figure tutélaire de l’île d’Oléron où il repose, Pierre Loti (1850-1923) – qui prit position en faveur de la Turquie démantelée par le Traité de Sèvres en 1920 – constitue le fil d’Ariane autour duquel s’articule chaque concert. Présence symbolique lors de la dernière journée de diplomates et de personnalités originaires de la Corne d’Or.
Güray Basol à la Maison des Aïeules © Odile Motelet
La Maison des Aïeules, propriété de la famille Loti, accueille un récital en plein air intitulé « De la Seine vers l’Anatolie ». Güray Basol, artiste tuc installé en France, signe un programme associant musique française et musique de son pays. Interprétation sensible de la Fantaisie en ré mineur de Mozart, du Nocturne op. 55 n° 1 et de la Fantaisie de Chopin. Découvertes ensuite avec la Toccata (1960) virtuose de Yüksel Koptagel (né en 1931) et la Suite op. 25« Anadolu’dan – D’Anatolie » (1945) d’Ahmet Adnan Saygun (1907-1991) écrite à partir d’airs populaires rassemblés en un folklore imaginaire (le compositeur accompagna Bartók dans son périple en Anatolie). Pour conclure, un interlude austère du bordelais Claude Duboscq intitulé A L’inquiétude de Dieu (1920) précède Doute (1919), pièce harmoniquement plus riche de son ami Albert Roussel et les Jeux d’eau de Maurice Ravel, finement ciselés par le soliste. Moment de poésie enfin avec Le Jardin féerique extrait de Ma Mère L’Oye pour lequel François Dumont rejoint son collègue.
François Dumont et Julien Masmondet © Odile Motelet
Concert de clôture autour de l’entre-deux-guerres sous la direction de Julien Masmondet à la tête de l’excellent Orchestre Poitou-Charentes, venu en voisin. En prélude, un thrène aussi bref que prenant de Théodore Dubois, In memoriam mortuorum (1918), chant élégiaque dédié aux victimes de la guerre. Plus substantiel, le Concerto en sol de Ravel bénéficie de l’entente entre Julien Masmondet et un François Dumont aux doigts subtils et ailés, qui délivre ensuite dans les Trois Préludes pour piano de George Gershwin un modèle de sobriété et d’intelligence rythmique. Après l’entracte, les musiciens de l’OPC donnent le meilleur d’eux-mêmes dans Un Américain à Paris sous l’impulsion d’une baguette précise, souple et élégante. Public enthousiaste et final bissé.
L’an prochain, Musiques au Pays de Pierre Loti présentera Manga Café, création de Pascal Zavaro couplée avec Trouble in Tahiti de Leonard Bernstein ; un doublé mis en scène par Catherine Dune et Les Apaches qui sera repris à Paris sur la scène l’Athénée du 8 au 14 juin 2018. (1)
Michel Le Naour
(1) www.athenee-theatre.com/saison/spectacle/trouble_in_tahiti__manga-cafe.htm
Saint-Pierre d’Oléron (Maison des Aïeules et Eldorado, Salle Pierre Bergé), 27 mai 2017
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