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Festival Musiques au Pays de Pierre Loti – L’Hymne à la nature – Compte-rendu
Public toujours aussi fervent pour le Festival Musiques au Pays de Pierre Loti, dont la 15ème édition a pris pour thème « L’Hymne à la nature ». Un clin d’œil à l’engagement pour l’environnement dont l’auteur de Vers Ispahan fut un fervent défenseur face à ce qu’il qualifiait de « barbarie moderne ». Outre les concerts dans divers lieux patrimoniaux où la part belle est faite aux compositeurs marins (dont Albert Roussel, que le festival n’a pas omis de célébrer en cette année du 150ème anniversaire de sa naissance), le chef d’orchestre Julien Masmondet, directeur artistique de la manifestation, a concocté avec son équipe un programme varié comprenant, outre la musique, la visite des Marais et des parcs à huîtres, ainsi que des actions éducatives ou caritatives.
© Motelet
Dans le magnifique théâtre à l’italienne de la Coupe d’Or de Rochefort, des musiciens de l’Orchestre National d’Île-de-France (photo) sont réunis avec Loïc Corbery, Sociétaire de la Comédie-Française et récitant émouvant de textes extraits de la Trilogie maritime de Loti (Pêcheur d’Islande, Mon frère Yves et Matelot). Le triptyque Prélude, Marine et Chansons (1928) de Joseph-Guy Ropartz, aux parfums subtils et à la tonalité populaire, constitue comme un prologue au Quintette pour flûte, harpe et cordes de Jean Cras – exactement contemporain – d’une envoûtante variété de timbres. Sans transition, la limpide Sérénade pour flûte, harpe et trio à cordes (1925) d’Albert Roussel exhale une atmosphère méditerranéenne prégnante, portée par une souveraine pulsation rythmique. Engagés, les interprètes deviennent, l’espace d’un instant, les serviteurs zélés (la flûte de Hélène Giraud, la harpe de Florence Dumont…) d’œuvres marquées par l’atmosphère maritime.
© Motelet
Le lendemain, dans l’Eglise de Saint-Trojan-les-Bains, place à la schubertiade proposée par des musiciens de l’Orchestre National de Bordeaux Aquitaine et le pianiste David Bismuth, cheville ouvrière de ce concert. Les Trois esquisses japonaises pour piano (2009) de Philippe Hersant – compositeur invité du 15ème Festival – se présentent comme des haikus à l’inspiration toujours renouvelée où le caractère ludique le dispute à la finesse percussive du trait.
Suivent deux fameux lieder de Schubert (Auf dem Wasser zu singen et Ständchen) transcrits pour violoncelle et piano, joués avec élégance par Claire Berlioz, en parfaite complicité avec l’accompagnement très attentif de David Bismuth. Quant aux Six Bagatelles pour clarinette, alto et piano (2007) d’Hersant, aux frontières du monde tonal, elles s’inscrivent dans la lignée de Berg ou Dutilleux par leur écriture précise taillée dans le diamant et sont merveilleusement servies par leurs interprètes (Sébastien Batut, clarinette ; Laurence Jaboulay, alto).
Schubert à la mot de la fin avec le Quintette « La Truite » – pour lequel Prisca Talon Carsalade (violon) et Valérie Petite (contrebasse) se joignent aux instrumentistes précités – : rayonnant, l’illustre D. 667 referme la soirée dans la convivialité, marque de fabrique d’un Festival toujours aussi inventif et ouvert sur le monde.
Michel Le Naour
Rochefort (Théâtre de la Coupe d’Or) et Saint-Trojan-les-Bains (église), 28 et 29 mai 2019
Photo © Motelet
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