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Fidelio en version de concert au Théâtre des Champs-Elysées - Un sentiment d’inachèvement – Compte-rendu
Familier du retour aux sources, Jérémie Rhorer a voulu débarrasser de ses oripeaux romantiques le Fidelio de Beethoven. Le retour à la tradition du Singspiel peut, dans une certaine mesure, se justifier à condition de ne jamais perdre de vue le sens du drame. La fébrilité de la direction d’un chef pressé, digne d’un Bonaparte franchissant le Pont d’Arcole, nuit le plus souvent à l’équilibre global et met à rude épreuve un orchestre d’instruments anciens – Le Cercle de l’Harmonie – qui peine à suivre les intentions dynamiques de Rhorer (cuivres et bois en souffrance, cordes sèches). Le final manque de cohésion dans les ensembles.
Sur le plan vocal, Malin Byström offre une Leonore solide à laquelle manquent souplesse et couleur, malgré un investissement indéniable. Joseph Kaiser entre progressivement dans le rôle de Forestan, témoignant de qualités stylistiques et d’élégance. Si Andrew Foster-Williams, d’une parfaite ligne vocale, donne à Don Pizzaro toute la noirceur attendue, le Rocco de Robert Gleadow manque de grave et de personnalité, le Jaquino de Michael Colvin de prestance, et Mischa Schelomianski n’impressionne guère en Don Fernando. En revanche, la Marzelline de Sophie Karthäuser fait passer un souffle de fraîcheur par une voix au timbre fin et cristallin. Homogène, le Chœur de chambre les Eléments ne déclenche pas l’émotion que l’on attend dans la scène de l’acte I où les prisonniers chantent leur espoir de liberté.
Jérémie Rhorer a su souvent convaincre (comme dans Dialogues des Carmélites avec le Philharmonia en décembre dernier au TCE), mais ce Fidelio nous laisse sur notre faim. Le public, quant à lui, a apprécié.
Michel Le Naour
Beethoven : Fidelio (version de concert) - Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 14 juin 2014
Photo © DR
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