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Florian Noack en récital à la Fondation Vuitton – L’enchanteur de son – Compte-rendu

D’un format parfait pour le récital de piano et la musique de chambre, l’Auditorium de la Fondation Louis Vuitton aura vite trouvé sa place dans les habitudes des mélomanes grâce à la belle programmation musicale concoctée par Antoine Manceau, parfaitement balancée entre réputations établies et artistes en plein envol.

Celui de Florian Noack (photo, né en 1990) se confirme depuis quelques années déjà, révélant l’une des personnalités les plus originales du jeune piano contemporain. L’an passé, au Festival de Radio France - Montpellier, l’artiste s’est fait remarquer dans deux programmes, l’un constitué par rien moins que l’intégrale des 12 Etudes d’exécution transcendante de Serge Liapounov, séduisante figure du post-romantisme russe dont le musicien belge a entrepris l’enregistrement intégral de l’œuvre pour piano.

A la curiosité pour les répertoires rares (il excelle dans Medtner aussi), Noack ajoute un goût – affirmé très tôt dans son parcours – pour la transcription, qu’il pratique avec un art et une science du clavier admirables ; l’entendre sur ce territoire vous relie à tout un âge d’or du piano, à une époque où transcrire relevait d’une démarche d’appropriation créatrice. Tant pis pour ceux qui en restent à l’ineptie «  transcription : trahison » ; ils se privent de bien des bonheurs et de surcroît nient un aspect essentiel de l’histoire de la musique et du piano. Mais il faut des puritains en tout ...

Un enregistrement constitué de transcriptions et paraphrases de sa main (Ars Production) a valu à Noack d’être désigné « Jeune Artiste de l’Année 2015 » par l’ECHO Klassik outre-Rhin. La série « Piano nouvelle génération » de la Fondation Vuitton l’aura en quelque sorte pris au mot en lui proposant de donner un récital composé uniquement de ses réalisations. Un grand moment, vécu par les auditeurs présents dans une salle pleine à craquer, mais aussi via les ondes puisque Radio Classique le diffusait en direct.(1)

Relativement récente dans la production de l’artiste, la transcription du Concerto pour quatre claviers BWV 1065 de Bach ouvre le concert avec une luminosité, une légèreté de toucher et une définition des plans sonores qui placent d’emblée la barre très haut. Technique ailée, wildienne – on a plus d'une fois pensé au regretté pianiste américain durant la soirée – , miraculeuse d’aisance, de fluidité et de simplicité.

Parmi les premières transcriptions de Noack, l’ouverture Roméo et Juliette de Tchaïkovski est servie par un puissant sens de la narration, des thèmes fermement caractérisés. La musique russe réussit à l'interprète, là autant que dans les Danses polovstiennes du Prince Igor (créées l’an passé à Montpellier), menées avec un souffle puissant, des couleurs chatoyantes et, comme toujours chez Noack, une absence totale d’arrogance et de tape-à-l’œil. De l’effet, on pourrait en faire, tant et plus, dans la suite tirée de Shéhérazade de Rimski-Korsakov, mais c’est en vrai conteur qu'il nous embarque dans une partition aux timbres miroitants ; les plus infimes nuances jouxtent des passages où la plénitude de la sonorité déjoue tout effet de saturation. Un vrai enchanteur de son est à l’œuvre ...

Dessert straussien (Paraphrase sur différentes valses et Leichtes Blut), d’un chic irrésistible, pour conclure le festin et deux bis (un prélude de Liadov et la Berceuse (1ère des Etudes de Liapounov) pour rappeler que Noack, immense virtuose, est d’abord un prince et un poète du clavier.

Alain Cochard

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(1) disponiblen en podcast sur www.radioclassique.fr

Paris, Auditorium de la Fondation Louis Vuitton, 28 avril 2017
 
Photo © Monika Lawrens

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