Journal
François Dumont en récital à la salle Gaveau ( et bientôt à la Folle Journée ! ) – L’art de l’essentiel – Compte-rendu
A peine rentré d’une tournée en Colombie où il a porté haut les couleurs de la musique française avec des programmes d’une étonnante diversité (son cher Ravel bien sûr, mais aussi Hahn, Fauré, D’Indy, Roussel, Satie et tant d’autres ...), François Dumont (photo) avait rendez-vous avec le public de Gaveau. Pleine à craquer, la salle démontre que, sans tapage médiatique, le pianiste a su conquérir un public fidèle au fil des ans.
Que de chemin parcouru depuis 2007 ! Nous avons découvert Dumont cette année-là au Concours Piano Campus de Pontoise, dont il avait remporté le 2ème Prix - en dépit d’une grippe carabinée ! On ne change pas. Les fondamentaux de son art étaient déjà là, bien affirmés – il n’a pas travaillé avec Rigutto, Perahia, Fleisher et autre Fou Ts’ong par hasard ... – : simplicité, goût de l’essentiel, amour du texte et, surtout, naturel absolu ; autant de qualités qui se sont une fois de plus illustrées au long d’un récital parisien, donné rappelons-le à l’occasion de la sortie du nouveau disque Bach de Dumont.
Le Caprice sur le départ du frère bien aimé, tendre et vivant, prend l’auditoire par la main – une invite au rêve et à la poésie –, avant que la Sonate en la mineur KV 310 de Mozart ne résonne, urgente mais sans surcharge, avec présence et relief du tissu polyphonique : le clavier se mue en une scène de théâtre. Comme dans son disque, l’interprète se refuse à toute épaisseur dans la Chaconne de Bach/Busoni, et se livre à un vrai exercice de musique de chambre à deux mains dont la sveltesse et l’élan s’inspirent du mouvement de l’archet. Pour le mastoc et le tape-à l’œil, allez donc voir ailleurs !
Après la pause, le Concerto Italien du Cantor montre toute la science de coloriste d’un musicien qui, sans estomper le trait, offre des teintes chaleureuses et déploie un prégnant lyrisme dans l’Adagio. Lumière italienne aussi que celle qui baigne la Sonate n° 3 de Frédéric Chopin : Dumont parvient à la restituer avec une clarté dénuée de sécheresse - et partant rend justice à l’essence classique de l’inspiration. Mais il ne fait pas moins bien ressentir le basculement du sentiment qui intervient au cours d’une partition que referme un finale dont il saisit toute l’urgence.
Une moisson de bis (un Schubert, un Hahn – une délicieuse valse de jeunesse – et trois Chopin) achève de combler un public aux anges. Au tour de celui de le Folle Journée de Nantes de goûter au récital (sur le thème de la polonaise) que le pianiste offre ce 4 février (1), au moment précis de la sortie officielle de son disque Bach (2).
Alain Cochard
Paris, salle Gaveau, 16 janvier 2017
(1) follejournee.fr/fr/evenements/francois-dumont
(2)www.concertclassic.com/article/francois-dumont-joue-jean-sebastien-bach-le-disque-de-la-semaine-compte-rendu
Photo © Jean-Baptiste Millot
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