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« Hamlet et le Romantisme à la française » à l’Opéra Royal de Wallonie (Streaming) - Pour Hamlet avant tout – Compte-rendu
En octobre dernier, l’Opéra royal de Wallonie s’apprêtait à présenter Hamlet d’Ambroise Thomas, rare occasion de rendre momentanément au répertoire français cette première place qui avait très longtemps été la sienne à Liège, avant que les œuvres italiennes et allemandes ne le relèguent en troisième position. C’est le jour même où la générale allait avoir lieu que fut décidé un nouveau confinement, entraînant l’annulation des représentations prévues. Un peu plus de six mois plus tard, l’ORW offre une occasion de rattrapage partiel, avec un concert « Hamlet et le romantisme à la française », où l’on retrouve trois des protagonistes du spectacle passé à la trappe. Concert capté à huis clos, une fois encore, en attendant une prochaine réouverture au public, maintenant que l’on entrevoit enfin le bout du tunnel.
Trois protagonistes, disions-nous. D’abord, le Français Guillaume Tourniaire (à la tête de l'Orchestre de l'Opéra royal de Wallonie), dont le répertoire est large, mais dont la discographie inclut plusieurs raretés du répertoire français, des opéras de Saint-Saëns entre autres. On apprécie ici la vigueur avec laquelle le chef dirige les nombreuses pages symphoniques qui émaillent le concert.
Lionel Lhote (photo à g.), ensuite. Cet artiste discret, rare en France (en dehors de son brillant Fieramosca dans Benvenuto Cellini à Versailles en septembre 2019), est l’un des piliers de l’Opéra de Liège, et on le comprend fort bien grâce aux différents extraits d’Hamlet qui lui donnent l’occasion de montrer toutes les facettes de son talent : accablement et mordant dans sa première entrée, ardeur désespérée dans « O vin, dissipe la tristesse », confusion des sentiments traduite pour un admirable sens des nuances dans « Etre ou ne pas être ». Même dans les conditions d’un concert sans public, le baryton belge sait incarner son personnage et nous faire vivre ses émotions.
Marc Laho et Guillaume Tourniaire © Opéra Royal de Wallonie
Ce n’est hélas pas tout à fait le cas de sa compatriote Jodie Devos (photo à dr.). La soprano colorature ne semble rencontrer aucune difficulté technique, sa virtuosité n’est jamais prise en défaut, mais la grande scène de la folie d’Ophélie peine à toucher comme devrait le faire, peut-être parce que le théâtre n’est pas assez là, et l’on regrette surtout pour elle que les représentations d’octobre n’aient pu être données.
Jodie Devos se rattrape tout à fait dans « Du gai soleil », l’air de Sophie qui vient ensuite, puisque le concert se prolonge avec trois extraits de Werther : la chanteuse réussit, l’exploit n’est pas mince, à s’imposer dans un personnage qui devient vite agaçant par sa naïveté. C’est avec le chef-d’œuvre de Massenet qu’apparaît Marc Laho. Mieux que dans « Pourquoi me réveiller », où il témoigne pourtant d’un certain art du pianissimo, le ténor belge convainc d’abord dans l’entrée du héros, avec un hymne à la Nature particulièrement fervent.
Nous n’avons pas pu assister à la captation des autres morceaux au programme : duo « Au fond du temple saint » et air de Zurga extrait des Pêcheurs de perles, Jodie Devos revenant pour un ultime trio, les variations sur « Ah vous dirais-je, maman » tirées du Toréador d’Adolphe Adam, cheval de bataille des sopranos coloratures et conclusion virtuose de ce concert.
Laurent Bury
Liège, Opéra Royal de Wallonie, concert capté le 30 avril 2021, disponible du 13 au 25 mai mai sur : www.operaliege.be/spectacle/hamlet-et-le-romantisme-a-la-francaise-morceaux-choisis-avec-guillaume-tourniaire-jodie-devos-marc-laho-lionel-lhote/
Photo © Opéra Royal de Wallonie
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