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Hommage(s) à Olivier Greif
Ma première rencontre avec Olivier Greif se produisit non pas avec un compositeur, mais avec un pianiste. Il y a environ une quinzaine d'années dans un festival à Niederstotzingen (RFA), l'organisateur, quelques instants avant le début du concert, s'aperçoit de l'absence du tourneur de page et me prie de le remplacer pour un programme de musique de chambre (Franck-Landowski-Poulenc). Haridas Greif - son itinéraire spirituel le conduit alors à se prénommer ainsi - est au clavier.
Surprenant, le pianiste nous subjugue autant que sa personnalité discrète, attachante, profondément tendre et pudique nous séduit lors de l'après concert. Durant les années qui suivirent j'ai plusieurs fois croisé Olivier Greif à Paris, mais ce n'est que fin 1998, à l'occasion de la rédaction d'un ouvrage consacré au piano de Poulenc, destiné à accompagner un enregistrement du compositeur et pianiste en hommage à l'auteur des Biches (1), que je le retrouve plus longuement chez lui. Et qu'il prend le temps de se remémorer les années passées auprès de Luciano Berio, de me faire part de son amour pour la musique de Poulenc, pour celle de Britten aussi, sur laquelle il s'étend longuement. Rien d'un hasard car son inspiration, quoique profondément singulière, s'inscrit dans la lignée de celle du musicien anglais.
Décédé soudainement le 13 mai 2000 à l'âge de cinquante ans, Olivier Greif n'aura pas eu la chance de goûter à la reconnaissance grandissante dont son œuvre très vaste bénéficie désormais (2). L'authenticité, la sincérité d'expression de l'artiste ne l'ont jamais conduit à de tièdes compromis, à la facilité. Sa musique exige beaucoup de l'auditeur et peut se le permettre car toujours, aussi, elle sait être entendue de lui. Ceux qui ont connu Olivier Greif y retrouvent la simplicité, l'élégance, la clarté de la pensée qui le distinguaient.
Le cinquième anniversaire de la disparition du compositeur, s'accompagne de deux hommages. A Vincennes d'abord (10-14 mai), une exposition, et une rencontre permettent de faire connaissance avec son univers, tandis qu'un concert associe des interprètes tels que Henri Barda (fort rare sur les scènes), Jean-François Heisser, Jacques Castérède, Jonathan Bénichou, Jon Hwa Park , Pascal Amoyel, Antje Weilhaas, Emmanuelle Bertrand, Claude Delangle et les voix de Doris Lamprecht et d'Evelyne Brunner.
Un peu plus tard dans le mois (20-22 mai), ce sera au tour du Festival Musikalia de rendre hommage à Greif dans la Salle de l'ancien Conservatoire d'Art dramatique. Eclectique, les programmes de cette manifestation font chacun place à une œuvre du compositeur français (Trio avec piano, The Battle of Agincourt, Quatuor à cordes n°2 avec voix) avec des instrumentistes tels que Henri Demarquette, Alexandre Gasparov, Jean-Marc Philips-Varjabedian, ainsi que le Quatuor Syntonia.
Signalons enfin, dans ce festival très ouvert au jeune public, la création d'un conte musical d'Olga de Pass : La lune de l'enfant Roi.
Alain Cochard
Hommage à Olivier Greif. Du 10 au 14 mai ; concert le 13 mai à 20h30. Cœur de Ville – 98, rue de Fontenay - 94300 Vincennes. Entrée gratuite.
Festival Musikalia. Du 20 au 22 mai. Conservatoire National d'Art dramatique. Réservations.
(1) Pianovox
(2) L'action de l'Association des amis d'Olivier Greif (voir www.oliviergreif.com) y a beaucoup contribué.
Photo : DR
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