Annoncée relativement tard, la soirée du 12 octobre à Pleyel aura pu échapper à l’attention de certains. Il serait pourtant dommage de manquer la rencontre entre des personnalités aussi fortes que Dmitri Hvorostovski et Evgueni Kissin. Ces deux artistes collaborent pour la première fois à l’occasion d’un récital de mélodies et romances russes qu’ils promènent depuis quelques semaines déjà.

D’aucuns ont sûrement en mémoire le magnifique Posa du baryton-basse russe dans le Don Carlo donné à la Bastille en toute fin de la saison passée. Charisme, richesse du timbre, impeccable tenue de la ligne : dire que l’on attend Hvorostovsky avec impatience est un faible mot. On imagine en tout cas bien sa voix sombre s’unissant à la sonorité de bronze de Kissin dans une dizaine de mélodies de Tchaïkovski, cinq Rachmaninov et cinq Medtner(1879-1951).

Les admirateurs de ce dernier se réjouiront de le voir figurer parmi les choix du tandem réuni à Pleyel. Hasard des programmes, Boris Berezovsky vient d’enregistrer(1) des Contes pour piano et des mélodies de Nikolaï Medtner (un disque superbe, réalisé avec la soprano Yana Ivanilova et la basse Vassily Savenko). Faut-il y voir le signe d’un regain d’intérêt pour un immense compositeur bien trop méconnu ? On en accepte en tout cas volontiers l’augure.

« Je répète ce que je vous ai déjà dit en Russie, déclara Rachmaninov à Medtner au cours des années 1920, vous êtes à mon avis le plus grand compositeur de notre époque »…

Pleyel est d’ailleurs d’humeur très russe en ce moment puisque, les 13 et 14 octobre, Valery Gergiev et le London Symphony Orchestra entament un cycle Prokofiev avec des solistes nommés Vladimir Feltsman (dans le Concerto pour piano n°2 ; le 13) et Leonidas Kavakos( dans le Concerto pour violon n°1 ; le 14).

Alain Cochard

(1) 1CD MIRARE /MIR 059

Salle Pleyel. Dimanche 12 octobre – 20h

Photo : DR