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Il Cavaliere - Falstaff selon Maria Martone de retour au TCE
Le Théâtre des Champs-Elysées reprend le Falstaff sans élucubrations proposé en 2008 par Mario Martone, un spectacle que l’on avait découvert avec plaisir. Il aurait tort de se priver de l’ultime chef-d’œuvre de Verdi, qui regarde tant – ariettas, ensembles, actions liées – vers Mozart, d’autant que l’Opéra de Paris le boude inexplicablement depuis assez longtemps.
Personnage pseudo-historique, tissé par Shakespeare au long des règnes de Richard II, d’Henri IV et d’Henri V, le Cavaliere servira de formidable prétexte à Boito pour peindre un caractère tour à tour hâbleur, fat, débonnaire composant un personnage unique dans l’histoire du théâtre lyrique.
Pour Verdi, qui avait connu avec son premier essai comique, Un giorno di regno (1840), un vrai four, revenir sur le terrain de la comédie était à la fois une vengeance et un pied de nez. Musique alerte, aux voix millimétrées et à l’orchestre transparent et vif, Falstaff pourrait être en apparence l’anti-opéra verdien parfait. Et en quelque sorte il l’est, tournant le dos au fatras du grand opéra historique ou aux délires du drame psychologique. En somme, Falstaff est moderne, de plain-pied avec notre temps, Verdi y a gagné son éternité, même si ce style nouveau n’a pas fait école. En Italie le vérisme allait imposer son nouveau monde, ailleurs le symbolisme régnerait pour quelques décennies.
Pour cette reprise les commères sont demeurées : Anna Caterina Antonacci reprend sa si spirituelle Alice Ford, Marie-Nicole Lemieux son impeccable Mrs Quickly, Caitlin Hulcup sera cette fois encore Meg Page ; les autres ont changés : on guettera avec les yeux de Chimène le Fenton de Paolo Fanale, beau gosse à la voix solaire mais qui s’était montré un peu court de technique pour le Ferrando de Cosi fan Tutte, on est curieux du Falstaff d’Anthony Michael Moore (mais qu’on aurait aimé y entendre le tenant actuel du rôle, Ambrogio Maestri !), on est impatient de découvrir le Ford de Jean-François Lapointe. En fosse Daniele Gatti et le National promettent beaucoup. Tiendront-ils ?
Jean-Charles Hoffelé
Giuseppe Verdi : Falstaff - Théâtre des Champs-Elysées, Paris, les 24, 26 et 28 février, puis le 2 mars 2010
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Photo : DR
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