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​Illia Ovcharenko inaugure le Festival Chopin à Paris 2024 – Des couleurs et du feu – Compte-rendu

L’Orangerie de Bagatelle offre certes un cadre abrité, mais un temps propice n’en est pas moins souhaitable pour pleinement profiter des charmes du lieu. Au terme d’une semaine bien arrosée, dame météo a heureusement eu l’obligeance d’offrir des conditions parfaites à la soirée inaugurale du 39e Festival Chopin à Paris. D’emblée, l’incontournable rendez-vous de fin de saison des amoureux de piano a, une fois de plus, montré sa capacité à faire place à des artistes encore peu connus chez nous ; à un jeune artiste ukrainien de 23 ans en l’occurrence : Illia Ovcharenko. Couronné par le Concours Horowitz en 2019 et le Concours Honens de Calgary en 2022, il est de ces interprètes qui entrent en scène en vous transmettant leur bonheur de partager la musique – ce qui n’a rien d’un détail …
 
Quoi de mieux pour commencer un récital qu’un bouquet de sonates de Scarlatti ? La si mineur K. 87 ouvre de la plus poétique façon, une belle sonorité mettant en valeur la densité polyphonique de l’écriture. Suit la mi majeur K. 20, lumineuse, vivante, ludique même, avant la si mineur K.27, d’une heureuse plénitude. “Vivi felice !” : message reçu !
 

© DR
 
On aurait volontiers continué en terre scarlattienne, mais il est temps de laisser la place au maître des lieux : Chopin, avec des compositions placées sous le signe de la danse – thème du 39e Festival. Pièces archi-rebattues, les Valses op. 34 séduisent autant par un brio assumé mais sans extériorité (nos 1 et 3) qu’une poésie qui ne perd pas de vue le rythme à trois temps (n° 2). Le piano d’Illia Ovcharenko raconte, là comme dans la Polonaise op. 53. Fière, héroïque, elle l’est sans conteste sous ses doigts, mais reste une danse, et sait faire entendre quantité de détails dans une partie centrale dont le retour du thème procède vraiment d’un point de vue dramatique.
 
Cette logique dans le déroulement de la musique, vécue de manière très organique, appartient au plus au point à la Sonate en si de Liszt que l'on découvre ensuite. Vision ardente ; d’un geste concentré, le jeune interprète imprime un souffle symphonique à l’ouvrage, tout en sachant éclairer, de manière toujours argumentée, des recoins de la partition. Conception impeccablement dominée ; nécessité du propos : Illia Ovcharenko emporte plus que légitimement l’adhésion de son auditoire. Etude op. 25 n° 12 de Chopin et Litanei de Schubert/Liszt en bis.
 
Plus court que d’habitude en raison des Jeux Olympiques, le Festival Chopin se poursuit jusqu’au 7 juillet. Après les sept jeunes talents de “Piano à Portes Ouvertes” et Gaspard Dehaene, on retrouvera Arsenii Moon (1er juillet), Ingmar Lazar (2 juillet), Ismaël Margain (4 juillet), Aurélien Pascal et Sélim Mazari (5 juillet), dans des pages pour violoncelle et piano, Eryk Parchański et Krzysztof Wiercinski (6 juillet), pour le rituel récital à deux jeunes pianistes polonais (placé sous le patronage de l’Institut Frédéric Chopin), et, enfin, Philippe Bianconi dont le programme Chopin, Fauré, Ravel mettra en valeur l’art d’un incomparable orfèvre et poète du clavier.
 
Alain Cochard
 

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Paris, Orangerie du Parc de Bagatelle, 22 juin ; jusqu’au 7 juillet 2024 : www.frederic-chopin.com/files/festivals/pdf/39-me-festival-chopin-paris-Plaquette%2039e%20Festival%20Chopin.pdf
 

Photo © illiaovcharenko.com

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