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​Ilyich Rivas dirige le concert inaugural de l’Ensemble Atmosphères au Conservatoire de Pantin – L’aventure commence ... – Compte-rendu

 

 
Un concert de l’Orchestre national d’Île-de-France en mai 2022 nous avait donné l’occasion de découvrir, et de vous signaler, le talent d’Ilyich Rivas (photo) dont on avait pu jauger les remarquables qualités dans un programme Rachmaninoff/Respighi, Liszt (avec Jean-Paul Gasparian en soliste) et Chostakovitch.(1) Depuis cette date, le jeune chef américano-vénézuélien (né en 1993) s’est fixé à Paris et se lance dans une belle aventure : la création de l’Ensemble Atmosphères dont les nombreux projets qui s’annoncent vont permettre aux mélomanes de vite faire connaissance avec un artiste inscrit dans une généalogie particulièrement musicienne.
 
Rencontres précoces et décisives
 
Arrière-grands parents, grands-parents, parents directeurs d’harmonie, de chœur ou d’orchestre ... « Quand j’étais tout petit j’imaginais que tout le monde était chef, plaisante Ilyich Rivas. » Formé par Gustav Meier au Peabody Institute (Baltimore), l’adolescent remporte dès 15 ans le concours lui permettant de devenir chef assistant de Marin Alsop à l’Orchestre symphonique de Baltimore ; une expérience qui l’enrichira grandement. Tout comme la rencontre avec Vladimir Jurowski. Repéré par ce dernier – très paternel et attentif à ce qu’un si précoce talent ne s’égare pas dans les méandres de la vie musicale –, Rivas aura très tôt l’occasion de l’assister au Festival de Glyndebourne et deviendra chef assistant du Phiharmonique de Londres (dont Jurowski fut le directeur musical de 2007 à 2021) à seulement 18 ans. « J’ai immédiatement su qu’il s’agissait d’un talent majeur en direction d’orchestre ! » a dit le maestro russe de son cadet, qui ne cache pas sa profonde reconnaissance envers celui qui lui tant appris – « il a été une école pour moi ... » – et a contribué de manière décisive à l’envol de sa carrière. Depuis, Ilyich Rivas a eu l’occasion de beaucoup voyager et d’être invité par de nombreuses phalanges, de Liverpool à Barcelone, de Göteborg à Hanovre, de Francfort à La Corogne ou, en mars dernier, Phoenix.

 

© Aude Boissaye - Studio Cui Cui

 
Un ensemble à géométrie variable

 
Désormais installé à Paris donc, il se lance (avec la complicité du contrebassiste Will Cravy) dans la création d’un nouvel orchestre, basé à Pantin ; un ensemble à géométrie variable (de 19 à 40 musiciens), qui peut d’emblée compter sur le soutien et la collaboration de solistes internationaux avec lesquels des programmes sont en préparation pour la saison prochaine : Caroline Widmann, Jean-Paul Gasparian, Raphaël Sévère ou, côté vocal, Camille Chopin et Angela Brower.

 

© Aude Boissaye - Studio Cui Cui

 
Un partenariat avec l’Ecole Normale de Musique

L’implantation d’Amosphères à Pantin le prédispose évidemment au travail avec les scolaires de Seine-Saint-Denis. Et on ne doute pas que l’énergie contagieuse et l’autorité naturelle de Rivas y feront des merveilles !
Murielle Hurel, directrice particulièrement avisée de l’Ecole Normale de Musique, a su aussi saisir tout ce qu’un artiste tel qu’Ilyich Rivas, jeune mais déjà fort d’une solide expérience de la direction, pouvait apporter aux élèves de son établissement. Un partenariat entre l’ENM et Atmosphères à donc été mis en place, qui permettra dès la saison 2025-2026 d’intégrer des étudiants dans l’ensemble et de contribuer à leur professionnalisation.

Programme révélateur

Fort de des liens avec la ville de Pantin, c’est donc tout naturellement dans l'auditorium de son Conservatoire que l’Ensemble Atmosphères a été porté sur les fonts baptismaux, le 11 avril, avec programme (auquel ont pris part un total de 24 instrumentistes) révélateur des choix de répertoire qu’entend faire Ilyich Rivas. De grands classiques du XXe siècle d’abord, tel le Dumbarton Oaks Concerto restitué avec une vitalité et des couleurs superbes ( l’Allegretto !) – et sans rien du côté désagréablement pète-sec que cette partition peu prendre.
On aura pu juger du niveau individuel des divers instrumentistes, là comme dans la Symphonie de chambre n° 1 op. 9 de Schoenberg, placée en fin de programme, dont l’interprétation d’Ilyich Rivas et de ses musiciens comblait tant par sa facture soignée et son équilibre que par une compréhension très fine du mouvement psychologique de la musique, de l’adieu à la tradition romantique à l’impatience d’un avenir plein de potentialités.

 

Mystery of a Landscape d’Edith Lejet sous l'archet de Soyoung Yoo © Aude Boissaye - Studio Cui Cui

 
Bouffée de rêve

Entre Stravinski et Schoenberg, trouvait place Mystery of a Landscape d’Edith Lejet (1941 -2024), splendide pièce concertante, originellement conçue pour violon et ensemble d’instruments traditionnels japonais. Inspiré par le conte Comment Wang Fô fut sauvé de Marguerite Yourcenar, l’ouvrage avait pour soliste la Coréenne Soyoung Yoo. D’une pureté d’intonation parfaite, mais sans la moindre froideur, la soliste a su faire corps avec la dimension narrative de la musique : une véritable bouffée de rêve, à laquelle la direction frémissante et délicate d’Ilyich Rivas ajoutait beaucoup.
Atmosphères, qui comprend des instrumentistes du plus haut niveau, entend aussi faire place dans ses programmes à la musique de chambre. Avant le Schoenberg, on a ainsi pu savourer le Quintette en sol mineur op. 39 de Prokofiev, enlevé avec un vitalité et un sens des timbres exemplaires.
 
Alain Cochard
 

Pantin, Auditorium du Conservatoire Jacques Higelin, 11 avril 2025

(1) www.concertclassic.com/article/ilyich-rivas-dirige-lorchestre-national-dile-de-france-un-chef-suivre-compte-rendu

Site de l’Ensemble Atmophères : ensembleatmospheres.com/
Pour en savoir plus sur Ilyich Rivas : https://imgartists.com/roster/ilyich-rivas
 

Photo © Aude Boissaye - Studio Cui Cui

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