Journal
Inauguration de la série des « Déjeuners-Concerts » de l’Orchestre de Chambre de Paris au Châtelet – Plaisir, pédagogie - et sandwich autorisé ! – Compte-rendu
« Venez avec votre sandwich ! » : le slogan des «Déjeuners-Concerts » que l’Orchestre de Chambre Paris lance au Châtelet le souligne ; c’est en toute décontraction que le public est invité à découvrir des programmes faisant systématiquement place à la musique d’aujourd’hui. Le principe en est simple : une œuvre contemporaine est d’abord jouée, puis fait l’objet d’une présentation par le compositeur et(/ou) une médiatrice, avant que le public ne la réentende, enrichi par les clefs d’écoute que lui ont été fournies. Une pièce du répertoire conclut.
de g à dr. : Eric Tanguy, Coline Infante & Julien Leroy © DR
On a testé le premier « Déjeuner-Concert» : les sandwiches étaient rares dans la salle, mais l’exercice s’est avéré concluant du point de vue musical. Matka (voyage en finnois) d’Eric Tanguy, partition créée en 2015 à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance de Sibelius – référence essentielle pour le compositeur français – est au programme. Choix parfait que cette musique très suggestive, « plus émotion intérieure que description » selon son auteur, qui exploite avec un langage très accessible les timbres de l’orchestre. Lors de la première exécution comme lors de la reprise, Julien Leroy (photo) mène l’OCP avec une souplesse et une précision remarquables. Sous la battue élégante d’un des meilleurs chefs français de la nouvelle génération, la musique se fait puissamment évocatrice et l’auditoire n’en goûte que mieux ses détails et les arrière-plans lors de la seconde exécution.
Coline Infante & Julien Leroy © DR
Juste avant celle-ci, Coline Infante, chargée de la présentation des « Concerts-Déjeuners », a dialogué avec Eric Tanguy. Cet exercice de pédagogie souriante, dénué de démagogie vulgarisatrice comme de pédanterie, aura permis de mettre en valeur les éléments clés de la partition avec une grande simplicité. Le même esprit règne lors de l’échange entre Coline Infante et Julien Leroy, destiné à éclairer le rôle du chef face aux instrumentistes.
A Smetana revient le mot de la fin : un habile arrangement (signé Yann Stoffel) pour orchestre de chambre de la fameuse Moldau dont Julien Leroy offre une lecture vivante et fluide.
Prochains «Déjeuners-Concerts » en novembre (le 8) pour un programme Benjamin/Mozart dirigé par la Coréenne Sora Elisabeth Lee, suivi d’un Fazil Say/Mozart (le 22), sous la baguette du patron de l’OCP : Douglas Boyd (1).
Alain Cochard
(1) La dernière saison de l’artiste écossais à la tête de l’Orchestre de Chambre de Paris puisque le pianiste et chef Lars Vogt lui succèdera en 2020-2021
Paris, Châtelet, 18 octobre 2019 // www.orchestredechambredeparis.com/concerts/saison/
Photo © DR
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