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​Iris Scialom et l’Orchestre du CRR de Paris à la salle Gaveau – Poète violoniste – Compte-rendu

 

Enthousiasme, envie de donner le meilleur de soi : les concerts d’orchestres de jeunes offrent toujours un moment rafraîchissant et celui du CRR de Paris à Gaveau, sous la direction de Pierre-Michel Durand, n’a pas dérogé à la règle. On s’y rendait curieux de la prestation de la soliste à l’œuvre dans l’inoxydable Concerto op. 77 de Brahms : Iris Scialom (photo). On vous avait déjà signalé, en 2022, cette jeune violoniste, formée du CNSMDP et passée par l’Académie Jaroussky et la Kronberg Academy, suite à un très beau concert de musique de chambre avec Antonin Bonnet, son partenaire pianiste du Duo Arborescence. Depuis, la Française poursuit brillamment son chemin : elle a remporté les Masters de Monte-Carlo en 2023 et s’est par la suite produite aux côtés d’orchestres tels que ceux des Opéras de Rouen et de Tours.
 

© Concertclassic

Par sa musicalité profonde et sa sonorité radieuse, ce petit bout de femme n’a aucun mal à tenir tête à un orchestre symphonique. Mais ce n’est pas sous l’angle de la confrontation qu’elle aborde la partition de Brahms. Non troppo, vraiment, que l’Allegro initial où la soliste prend le temps de s’installer dans la musique, de respirer, avec une poésie et une plénitude de son qui signalent un archet d’exception – plénitude et chair du son qui demeurent toujours, jusqu’aux sommets autorisés par la chanterelle (magnifique cadence, de Joachim).
Pierre-Michel Durand et tous les jeunes membres de l’Orchestre du CRR lui prêtent une attention complice, là comme dans toute la suite d’une interprétation d’une évidence et d’une humanité, d’un naturel aussi, qui ne trompent pas. À d’autres les approches surtendues, que l’on croiraient inscrites dans une épreuve de concours ou un concert « sur papier glacé » de tournée internationale. Une poète violoniste est à l’œuvre, et ce jusqu’au délicieux Ménétrier d’Enesco, offert en bis, dont elle sert l’humeur capricieuse avec autant de chic que d’imagination.
 

Célia Greiner & Pierre-Michel Durand © Concertclassic
 
La belle tenue de l’Orchestre du CRR se vérifie après la pause avec la 4Symphonie de Gustav Mahler. Partition exigeante mais qui présente l’intérêt – point important avec un orchestre de jeunes – de donner du grain à moudre à tous les pupitres. Sous la battue sobre de leur chef, avec l’excellente Sarah Nojosa Barboza au premier violon, les instrumentistes s’impliquent à plein pour traduire le relief et les ambiguïtés de l'œuvre, jusqu’au lied conclusif dont la soprano Célia Greiner, voix riche et belle articulation, épouse remarquablement la trajectoire musicale et poétique.
 
Alain Cochard

 

 
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Paris, Salle Gaveau, 24 mai 2024
 
Photo © Kit Balakun Prod

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