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Ismaël Margain au Festival Chopin de Bagatelle - Le poète parle – Compte-rendu
A 23 ans, le pianiste Ismaël Margain, actuel résident de la Fondation Singer-Polignac et adoubé par Aldo Ciccolini au Concours international Spedidam en 2011, fait preuve d’une étonnante maturité. Son récital à l’Orangerie du Parc de Bagatelle consacré à des pages de Chopin, Schubert et Schumann convainc et séduit tout à la fois.
Très stylées, les trois Mazurkas de Chopin (op. 63 n° 2 et 3, op. 17 n° 4) qui ouvrent le programme se caractérisent par un sens affiné du rythme et du rubato avec une pointe de mélancolie bienvenue, tandis que trois Etudes de l’Opus 10 (nos 6, 10 et 4), intenses et d’une virtuosité souveraine, témoignent d’une évidence jamais asservie à la démonstration purement digitale.
Intelligemment, le soliste enchaîne le bref Prélude op. 28 n° 14 du compositeur polonais au Klavierstück D 946 n° 1 de Schubert dans la même tonalité de mi bémol mineur. Elégance, sens de la narration, densité poétique transparaissent dans une exécution fébrile et pénétrante.
Les redoutables Davidsbündlertänze op. 6 de Schumann sont maîtrisés avec un naturel confondant : les humeurs contrastées de ces dix-huit pièces entre élan et mélancolie trouvent en Ismaël Margain un interprète au souffle expressif sachant mettre en valeur un richesse polyphonique où se lit l’héritage de Bach. La dimension orchestrale de son jeu (une main gauche stupéfiante) rend bien compte de l’état d’esprit du compositeur entre la tendresse d’Eusébius et la fougue de Florestan.
Les deux bis (Le poète parle extrait des Scènes d’enfants de Schumann et le Presto de la Sonate en mi bémol majeur Hob XVI: 52 de Haydn) révèlent là encore un tempérament musical hors pair.
Michel Le Naour
Paris, Orangerie du Parc de Bagatelle, 28 juin 2015
Photo © DR
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