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​Ismaël Margain et Guillaume Bellom au 11e Festival Bru Zane Paris (7 juin) – Deux pianos en voyage

 
Le récital à deux pianos d’Ismaël Margain et Guillaume Bellom s’est rajouté assez tardivement à la liste des concerts du 11Festival Bru Zane Paris qui, du 3 au 26 juin, fait comme de coutume place à des pans méconnus de notre répertoire national. On ne peut toutefois que recommander de ne pas manquer le rendez-vous du 7 juin à la salle Gaveau, d’abord parce que l’entente des deux interprètes, complices de longue date, n’est plus à démontrer et s’est à de nombreuses reprises illustrée, en concert comme au disque. Si on a eu l’occasion de les applaudir dans Schubert ou Mozart, on les retrouve cette fois dans un séduisant « Deux pianos sur les routes ».
Essor des transports et des voyages, conquêtes coloniales : en musique, le XIXe et le début du XXe siècle ont montré un goût prononcé pour l’exotisme et les horizons lointains et toutes les pièces retenues par le Duo Margain-Bellom s’inscrivent dans ce mouvement avec des partitions originales ou des transcriptions.
 

Cécile Chaminade (1857-1944) Musica déc. 1905 © Coll. part.

Bien proche au temps du TGV et de l’avion, l’Espagne a longtemps fait partie des « lointains » et inspiré nombre de compositeurs, dont beaucoup de français. Il n’est plus besoin de présenter España de Chabrier et la Rapsodie espagnole de Ravel, pièces pour orchestre, remarquablement transcrites par leurs auteurs, par lesquelles les deux pianistes refermeront leur programme. Auparavant, toujours dans le registre hispanisant, mais bien plus rares, on aura pu découvrir l’ouverture de l’opéra-comique La Sévillane op. 19 (1882) de Cécile Chaminade, arrangée à deux pianos par cette dernière, ou encore Lindaraja, pièce de 1901 (où Debussy fait référence à un patio de l’Alhambra de Grenade) que l’on n’entend pas tous les jours.
 

Saint-Saëns voyageur, caricature de Georges Villa - Musica sept 1904 © Bibliothèque du Conservatoire de Genève
 
L’Espagne n’est toutefois pas la seule source d’inspiration d’un récital qui entraînera aussi vers l’Est avec l’ouverture de la Princesse jaune de Saint-Saëns (transcr. Fauré), le Ballet du Roi de Lahore de Massenet (transc. Renaud de Vilbac), le prégnant Songe de Cléopâtre de Mel Bonis, ou encore le Caprice arabe op. 96 de l'infatigable musicien globe-trotter que fut l'auteur du Carnaval des animaux.(1) Des découvertes, des couleurs, des évocations ensoleillées : un programme tout trouvé pour nous consoler de la détestable météo du printemps !
 
A propos de dates venues se rajouter au programme initialement annoncé du 11e Festival PBZ Paris, notez aussi les trois représentations (14, 15 et 16 juin aux Bouffes du Nord) de « On aura tout vu ! », spectacle de café-concert (2) imaginé et mis en scène par l’impayable Flannan Obé, et créé en février lors du dernier Carnaval de Venise. 
 
Alain Cochard

 

 
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Ismaël Margain et Guillaum Bellom
Œuvres pour deux pianos de Saint-Saëns, Chabrier, Ravel, Bonis, Chaminade, Debussy & Massenet
7 juin 2024 – 20h30
Paris – Salle Gaveau
bru-zane.com/fr/evento/piano-piano-concerto-per-due-pianoforti-2/#
www.sallegaveau.com/spectacles/recital-bellom-margain
 
 
(1)  Sujet sur lequel on ne peut que recommander la lecture de l’indispensable « Camille Saint-Saëns, le compositeur globe-trotter » de Stéphane Leteuré (PBZ-Actes Sud) // www.concertclassic.com/article/les-archives-du-siecle-romantique-9-camille-saint-saens-poemes-dun-globe-trotter
 

(2) www.concertclassic.com/article/les-archives-du-siecle-romantique-80-les-folies-bergere-vues-par-emile-zola-cronaca
 
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