Couvent des Récollets comble pour le concert du pianiste Jonas Vitaud et de la violoniste Mi-Sa Yang, deux chambristes hors pair. Au programme, un Dvorak et plusieurs Mozart qui s’inscrivent dans la continuité d’un récent enregistrement consacré à quatre sonates pour piano et violon de l’Autrichien (Mirare).  
L’étrange Sonate en sol majeur KV 379, composée à Vienne en 1781 peu après le départ mouvementé de Salzbourg, participe de l’esprit de l’improvisation. L’archet souple et aérien de la violoniste répond à l’imagination d’un partenaire qui relance sans cesse le discours, en particulier dans les cinq variations de l’Andante cantabile conclusif aux humeurs contrastées.
 
Instant de transition avec la Sonatine op. 100 de Dvorak d’un romantisme finement agencé dans une interprétation d’une rectitude rythmique mais aussi d’une séduction immédiate où l’osmose entretenue fait merveille. Seul en scène, Jonas Vitaud donne ensuite du Rondo en la mineur KV 511 une lecture pudique qui tient de la confidence sans pour autant voiler désolation et sanglots. Contemporaine de Don Giovanni, la Sonate KV 526 (1787), chef-d’œuvre de la dernière période, possède un caractère concertant rendu avec passion, sensibilité et engagement par ce duo accompli.
 En bis, le véloce Allegretto final de la Sonate KV 306 (1778), la dernière des « Palatines », témoigne de la même entente, conclusion harmonieuse et pleine de vie où le naturel le dispute à un équilibre souverain. Une nouvelle fois, les Pianissimes se montrent à la hauteur de leur réputation d’excellence pour ce moment de rêve éveillé.

Prochain rendez-vous aux Récollets le 8 avril avec le pianiste Guilhem Fabre dans un programme Bach, Debussy et Liszt.
 
Michel Le Naour

Paris, Couvent des Récollets, 25 mars 2019  // www.pianissimes.org/fabre/
 
Photo © Les Pianissimes