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Journées de Zarzuela à Cuenca - Les mécanismes de la zarzuela - Compte-rendu
Aleks Kolkowski et Gerado Bullón © Fundación Guerrero
S’ajoute une exposition dans le vestibule de l’Auditorium, qui rappelle en images l’épopée de la discographie de la zarzuela et permet de présenter des appareils historiques, comme cylindres de cire ou pianola, en passant par la radio et la mégaphonie. L’illustration sonore revient Aleks Kolkowski (photo), venu de Londres, qui grave en direct sur cylindres de cire, puis fait écouter au public, la voix chantée du baryton Gerardo Bullón. Jérôme Collomb, lui venu de Lyon, met pour sa part en action son « Petit Concert mécanique », ou écoute de piano mécanique et orgue de barbarie, avec des musiques d’Offenbach et de zarzuela (La Gran Vía de Federico Chueca) réglées spécialement par Collomb sur rouleaux de papiers perforés.
Jérôme Collomb © Fundacióo Guerrero
Mais les plats de résistance des Journées se réservent pour les soirées, avec différents spectacles. Est ainsi projetée la pellicule cinématographique Don Quintín el amargao (« L’aigri Monsieur Quentin »), réalisée en 1925 à partir de la zarzuela éponyme de Jacinto Guerrero (1895-1951, qui donne son nom à la fondation organisatrice), tout récemment et spécialement restaurée. Comme de règle à l’époque, la projection est accompagnée d’un piano, ici sous les doigts de Jorge Robaina, qui restitue tout le sel de cette musique à partir de la partition conservée. Avec une distribution de vedettes du muet en Espagne et d’émouvantes images d’un Madrid des années 20.
Autre soirée : le concert intitulé « Zarzuela A/V ». Ou une manière de « set » audiovisuel qui mêle deux mondes sonores a priori étrangers, celui de l’électronique et celui de la zarzuela. La réalisation incombe à Iury Lech (alias DestroBoy) pour la partie visuelle sur des documents filmés d’époque et des traitements d’images de synthèse en software, et Elena Gómez (ou MicroChica) pour la partie musicale, masterisée sur une base rythmique binaire. Une manière de musique électro pour danser, dans une saturation rythmique un peu simpliste et répétitive, mais une tentative de fusion intéressante, qui apparemment n’avait jamais été tentée auparavant.
Irene Palazon © Fundación Guerrero
Plus habituel, si l’on peut dire, se présente l’autre soirée, avec un spectacle de théâtre musical dénommé El género bello (« Le beau Genre », en référence au genre « grande » ou « chico », petit, pour désigner la zarzuela). Le spectacle aligne des passages de zarzuela, connus et moins connus, sur une trame crypto-amoureuse à trois personnages (comme il se doit) inventée pour l’occasion. La mise en scène et la dramaturgie sont dues à Carlos Crooke, par ailleurs ténor affirmé dans le répertoire de la zarzuela, aidées des costumes affriolants conçus par Xoán López au-devant de quelques projections façon bande dessinée, alors que la direction musicale revient à Mikhail Studyonov depuis son piano. Émérites acteurs et chanteurs, Crooke et Bullón interviennent en compagnie de la volcanique soprano Irene Palazón. Des extraits de zarzuelas de Gonzalo Roig (compositeur cubain des années 30), Pablo Sorozábal, Chueca, Guerrero, Francisco Barbieri et Ruperto Chapí (le sublime duo de La Revoltosa) servent d’épices à une sauce bien relevée. Beau, sans doute, mais aussi captivant.
Pierre-René Serna
Fundación Guerrero : www.fundacionguerrero.com/index.php?mostrar_noticia=218
Journées de Zarzuela – Cuenca (Espagne), Théâtre Auditorium, 28 et 29 septembre 2018
Photo © Fundación Guerrero
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