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Julia Lezhneva avec l’Orchestre de Chambre de Paris et Douglas Boyd - Vitamine C - Compte-rendu
La jeune diva colorature avec l’Orchestre de Chambre de Paris revivifié par son nouveau chef Douglas Boyd, et dans un programme peu compromettant, Mozart et Rossini, il y avait de quoi exciter l’appétit du fidèle public de la formation, outre celui de la série des Grandes voix, amateur de belles vocalises. Et du bonheur, on en a eu, un bonheur pétillant, léger, dû à la tonalité fruitée et à la vivacité de la soirée, déroulée sur un mode festif. Il est vrai que la voix de Julia Lezhneva (photo), propulsée aux sommets dès son plus jeune âge - elle n’a aujourd’hui que 26 ans - a de quoi réjouir par son incroyable agilité. Même si l’on en sait les défauts, qui ne vont pas en s’améliorant : un timbre métallique, dont la stridence se fait vibrante lorsqu’elle s’essaie à un chant plus large, plus puissant. Et une présence un peu timide de jeune artiste qui n’a encore que modérément le sens de la scène.
Pour le reste, Lezhneva est un phénomène purement et simplement, et l’on a plaisir à constater que cette voix à à la fois miraculeuse de célérité et un peu rêche parfois dans les sons plus soutenus, s’arrondit lorsqu’elle se chauffe, comme un objet d’argent que l’on ferait briller. Charmante certes, dans l’air de concert de Mozart, Voi avete un cor fedele, elle a manqué de sentiment dans le « Temerari… Come scoglio » de la Fiordiligi de Cosi fan tutte. Puis merveille, l’Otello, de Rossini (air du saule), lui a superbement réussi : débarrassée de ses scories la voix rayonnait avec lyrisme. Enfin, éblouissement avec « Tanti affetti » de La donna del lago, tout en finesse légère : Rossini, décidément, lui sied à la perfection.
Aucune réserve, en revanche pour la qualité montante de l’orchestre, comme réveillé de son sommeil par le pétulant et sympathique Boyd, qui n’économise guère son énergie et sait mettre en valeur la beauté des violons menés par Deborah Nemtanu, ou la grâce inattendue des contrebasses, dans les Danses allemandes KV 606 de Mozart, avant de s’enflammer sur l’ouverture de Guillaume Tell, pétaradante comme il convient. Le public est sorti d’humeur joyeuse de cette soirée virevoltante.
Jacqueline Thuilleux
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 19 février 2016
Photo Julia Lezhneva © Frank Juery – Naïve
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